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Histoires providentielles
n°253

Mantoue (Italie)

19 février 1468

Une musique céleste réconforte Elisabetta Picenardi sur son lit de mort

Bartolomea Picenardi grandit à Mantoue, où son père a rejoint la cour des Gonzague, souverains de la ville. En 1448, elle choisit de rejoindre les Mantellate, tertiaires féminines des Servites de Marie. Pendant vingt années, celle qui est devenue en religion sœur Elisabetta se consacre entièrement à la prière, à la pénitence et au service des pauvres. Elle fait montre d’une dévotion particulière pour la Passion du Christ et aux douleurs de Marie au pied de la Croix, pensée qui nourrit ses méditations et une prière quasi perpétuelle. Le 19 février 1468, à quarante ans à peine, sœur Elisabetta agonise dans d’atroces douleurs, entourée de sa sœur et de ses compagnes du tiers ordre, priant à son chevet. Alors que la scène devient insupportable, la chambre résonne d’une musique ineffable, hors de ce monde, divine. Puis une lumière radieuse inattendue illumine ce triste jour de février. Avec un sourire extasié, Elisabetta rend l’âme.

Dans l'église Saint Barnabé de Mantoue / © Sailko, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons
Dans l'église Saint Barnabé de Mantoue / © Sailko, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

Les raisons d'y croire :

  • Bartolomea peut prétendre aux plus beaux mariages, et même être établie princièrement. Pourtant, quand elle atteint l’âge des noces, elle fait vœu de virginité par dévotion envers Notre Dame et refuse de prendre époux, bien que cette décision contrarie son père.
  • Sœur Elisabetta s’impose pénitences, veilles et jeûnes constants. À ces privations, elle ajoute le port d’un cilice ainsi que celui d’une chaîne aux maillons de fer qui lui causent un inconfort perpétuel. Ce n’est pas par masochisme mais par amour qu’elle choisit ce mode de vie étonnant : il s’agit de s’associer aux souffrances de Jésus crucifié, l’Époux qu’elle a voulu, et d’expier pour les pécheurs.
  • Elisabetta bénéficie d’un lien privilégié avec Notre Dame. Preuve en est que les Mantouans – ceux qui ont besoin d’obtenir une grâce – prennent l’habitude de passer par son intermédiaire et s’en félicitent, car elle est le plus souvent exaucée. Sœur Elisabetta devient ainsi l’ambassadrice de Mantoue auprès de la Sainte Vierge.
  • Le 19 février 1468, une musique « céleste » qui n’a pas d’explication résonne dans la chambre de la mourante. Les témoins sont nombreux : des prêtres, les autres Mantellate qui partageaient la vie de prière et de charité d’Elisabetta, et sa sœur, Orsina Gorni. Ils remarquent que les souffrances physiques d’Elisabetta continuent, mais qu’une paix et une joie étonnantes se répandent sur son visage en entendant ce concert miraculeux.
  • Ils affirment aussi que, peu avant son trépas, alors que le jour était gris et la cellule obscure, une lumière d’une beauté hors de ce monde a illuminé la pièce et qu’ils ont eu le sentiment qu’elle accompagnait l’entrée du Christ et de la Sainte Vierge auprès de l’agonisante, qui rendit l’âme presque aussitôt.
  • Dès son vivant, la rumeur publique lui attribue plusieurs miracles. Tout en vantant sa sainteté, ses premiers biographes se montrent d’une grande prudence à ce sujet : cela donne d’autant plus de poids à ceux dont ils affirment aussi la véracité.
  • En particulier, Elisabetta est connue pour son don de clairvoyance, qui lui permet à plusieurs reprises d’annoncer des événements à venir. Elle prophétise par exemple la date de sa propre mort au jour près, un an avant que cela se produise.
  • À sa mort, Elisabetta a déjà la réputation d’une sainte et l’on ne tarde pas à se presser sur sa tombe, lui attribuant de nombreux miracles, recueillis dans un compendium. Le plus célèbre, et le plus remarquable, est, un an environ après son décès, le retour inespéré à la vie d’une fillette qui, tombée dans le lac de Mantoue, n’en fut retirée qu’une demi-heure après, et dont la mère avait invoqué l’intercession d’Elisabetta.

Synthèse :

Née probablement en 1428 à Crémone dans une famille de l’aristocratie locale, Bartolomea Picenardi grandit à Mantoue, où son père a rejoint la cour des Gonzague, souverains de la ville. Elle reçoit, comme sa sœur Orsina, une solide éducation religieuse dispensée par leur mère, Paola Nuvoloni. Mais, à la mort prématurée de celle-ci, les fillettes sont élevées par leur père, surtout préoccupé de leur donner une bonne formation intellectuelle, leur enseignant le latin, et mondaine, en vue du riche et noble mariage qu’il veut pour elles.

Si Orsina, la cadette, accepte de se marier, Bartolomea refuse, assurant qu’elle a voué sa virginité à Dieu par désir d’imiter Notre Dame. Bartolomea se rend chaque jour à l’église San Barnaba de Mantoue, desservie par les Servites de Marie, pour y prier longuement, se confesser, assister à la messe et communier. Attirée par la spiritualité de la congrégation, elle demande, en 1448, à en rejoindre le tiers ordre, c’est-à-dire, tout en restant vivre chez elle, à s’associer aux diverses pratiques de piété et renoncer aux plaisirs du monde. Sans être religieuse, une Mantellata – comme on appelle les femmes du tiers ordre, en raison du grand manteau qui les revêt et signale leur état consacré – s’astreint à suivre les offices, prières et œuvres de charité, puisqu’elle n’est pas cloîtrée. Des jeunes filles, soulevées d’enthousiasme par son exemple, décident de la suivre et de partager son existence.

Hormis pour s’occuper des pauvres, qu’elle sert avec dévouement, Elisabetta ne quitte pas la maison de son père. Après la mort de celui-ci, en 1465, elle rejoint celle de son beau-frère, Bartolomeo Gorni, mari de sa sœur Orsina. Dans les deux demeures, elle occupe une chambre qu’elle a transformée en cellule, se privant de tout confort. On attribue à Elisabetta des pouvoirs d’intercession puissants auprès de Notre Dame, ainsi qu’un don de prophétie. Preuve de l’estime que lui porte son confesseur, celui-ci, le père Barnabé – alors que la communion fréquente est alors presque inexistante et que les tertiaires sont autorisées à communier seulement aux cinq fêtes principales de l’année liturgique –  l’autorise à communier tous les jours, après sa confession quotidienne.

La jeune femme s’impose, par amour du Christ et de Notre Dame des douleurs, des pénitences, privations, veilles, jeûnes constants qui l’ont épuisée. Elle a choisi de s’immoler ainsi pour s’associer aux souffrances de Jésus crucifié, l’Époux qu’elle a voulu.

Nul dans son entourage n’est donc étonné d’une fin prématurée, le 19 février 1468, que, d’ailleurs, Elisabetta a prophétisée au jour près voici plus d’un an. Son don de clairvoyance lui a-t-il aussi révélé qu’elle souffrirait cruellement avant de rendre l’âme ? Sa sœur, Orsina, qui l’héberge, ses compagnes du tiers ordre des Servites de Marie, qui prient à son chevet, se désolent de la voir en proie à de telles douleurs, mais Elisabetta répond que l’on est vendredi, et qu’elle est heureuse de ce qu’elle endure, puisque cela lui permet de s’associer aux douleurs de la crucifixion. Et elle s’y associe, car chacun peut voir son pauvre corps se tordre dans les affres de l’agonie. Elle déclare aussi que la plus grande action de grâce qu’elle puisse rendre à Dieu et à Notre Dame est de lui avoir permis de garder intact le trésor de sa virginité.

Une musique céleste, entendue de tous ceux qui l’entourent, emplit soudain la chambre où elle agonise. Les personnes au chevet d’Elisabetta penseront que les chœurs angéliques sont venus accueillir l’âme de la mourante.

Les miracles se multiplient sur sa tombe, à San Barnaba, de sorte qu’elle devient, du fait de la dévotion populaire, « la sainte de Mantoue ». Le pape Pie VII régularisera la situation en l’élevant au rang de bienheureuse en 1804. San Barnaba ayant été démoli, la bienheureuse Elisabetta Picenardi repose désormais dans l’église du village d’où sa famille était originaire, Torre Picenardi.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

Frère Isodoro Bianchi, Compendio della vita e miracoli della beata Elisabetta Picenardi, Crémone, 1805 (en italien).


En savoir plus :

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