Le Saint Nom de Marie et la victoire décisive de Vienne
Après sa défaite maritime à Lépante (1571), l’Empire ottoman, en supériorité numérique, décide d’envahir l’Europe par voie de terre. En 1683, les Turcs parviennent jusqu’à Vienne, qu’ils encerclent avec plus de 150 000 soldats à partir du 14 juillet. La bataille décisive a lieu les 11 et 12 septembre. Inspiré par le bienheureux capucin Marco d’Aviano, Jan Sobieski III, roi de Pologne, qui commande les forces alliées chrétiennes, décide de se confier solennellement à Marie et de se mettre sous sa protection. Après avoir entendu la messe, communié et s’être consacrés, tous se lèvent pleins d’ardeur : « Marchons sous la toute puissante protection de la Mère de Dieu ! », et ils remportent une victoire éclatante. Les Turcs, frappés d’une peur panique, prennent la fuite en désordre. Alors qu’ils comptaient aller jusqu’à Rome, ils évacuent finalement l’Autriche et les territoires situés en deçà des Carpates et du Danube. L’Europe occidentale chrétienne conserve son intégrité et récupère la Hongrie, la Transylvanie, la Slovénie et la Croatie.
La fête du Saint Nom de Marie est apparue en Espagne au XIVe siècle, à la suite de nombreux saints, tels que saint Ambroise, saint Bernard de Clairvaux et saint Bonaventure, qui ont loué le nom de Marie comme un baume de grâce et une protection contre les démons. Le pape Innocent XI l’a étendue à toute la chrétienté, quarante ans après la victoire de Vienne. Supprimée du calendrier romain en 1970, après le concile Vatican II, elle a été rétablie en 2002 par le pape Jean-Paul II qui y tenait beaucoup.
Frans Geffels, La Bataille de Vienne, 1683-1684, Vienna Museum at Karlsplatz / © CC0/wikimedia
Les raisons d'y croire :
- Les événements de la bataille de Vienne sont historiquement incontestables et bien documentés.
- Les forces turques, bien supérieures à leurs adversaires en force, en nombre (150 000 à 300 000 hommes) et en armes, croient la victoire assurée. Les deux armées chrétiennes de Jan Sobieski et Charles de Lorraine ne sont composées de leur côté que de respectivement 40 000 et 13 000 hommes : les chrétiens sont trois à cinq fois moins nombreux que les Turcs.
- Le capucin Marco d’Aviano, mystique et thaumaturge, raffermit le courage de tous et prédit une victoire inouïe. Au lieu de terminer la messe par les paroles liturgiques : « Ite missa est », il crie : « Ioannes vinces ! » (« Jean vaincra ! »).
- Après la victoire miraculeuse de Lépante, attribuée à la Vierge de Lorette, une deuxième grande victoire militaire permet le retour de la paix pendant de longues années. Vienne marque un tournant : la fin de l’expansion ottomane en Europe centrale et le début du déclin de l’Empire ottoman en Europe. Tous les protagonistes attribuent la victoire de la bataille de Vienne à l’intercession de Marie en affirmant « Vedi, veni, Deus vicit. »
Synthèse :
« Aujourd’hui, il y va tout ensemble de la délivrance de Vienne, de la conservation de la Pologne et du salut de la chrétienté entière ! », disait Jan Sobieski en décidant d’engager le combat sous la bannière et la protection de la Vierge Marie. Se confier à l’intercession de Marie a été encouragé par quantité de saints :
- Le nom de Marie est un nom de salut. Saint Éphrem (306 – 373) l’appelle « la clé du Ciel ».
- « Votre nom, ô Marie, dit saint Ambroise (339 – 397), est un baume délicieux qui répand l’odeur de la grâce! »
- « Le nom seul de Marie, dit saint Bernard de Clairvaux (1090 – 1153), met en fuite tous les démons ... »
- « Au nom de Marie, dit Pierre de Blois (1135 – 1203), l’Église fléchit le genou, les vœux et les prières des peuples retentissent de toutes parts »
- « Doux est le nom de Marie, qui fait partout fondre en dévotion l’Église des fidèles. Dites-moi, je vous prie, d’où viennent ces soupirs, et le murmure, et la prostration de la foule dévote à l’église, quand un clerc prononce le nom de Marie. C’est comme une datte pleine de douceur et douce en nous... Douce est l’image de Marie, que les artistes font avec tant de magnificence, tant de zèle et tant de douceur, de préférence aux autres images de saints et que les fidèles avec tant de joie vénèrent avant toute autre. Ne voyez-vous pas que les églises sont pleines de l’image de Marie, signe évidemment que tout cœur doit être plein de sa dévote mémoire ? Voici les doux fruits du palmier ! Voici ces dattes que Marie a répandues sur la terre des mourants ! De quelle qualité ne doivent pas être celles qu’elle distribue aux citoyens d’en haut dans la terre des vivants ? Où nous la verrons, non plus en son image d’or ou d’ivoire, mais face-à-face, en son corps très saint. Où de nos yeux nous verrons son visage, que si longtemps ici-bas nous avons désiré en pleurant. Où nous nous assiérons auprès de notre Mère, dont nous sommes maintenant si éloignés. Où nous pourrons parler non plus d’elle, mais à elle. Où nous ne quitterons plus sa glorieuse présence. Oh ! quand cela arrivera-t-il ? », dit de son côté saint Albert le Grand (1200 – 1280).
- « Que votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! s’écrie saint Bonaventure (1217 – 1274), qu’il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles ! »
- « Ô nom plein de suavité ! s’écrie le bienheureux Henri Suso (1296 – 1366). Ô Marie ! Qui êtes-vous donc vous-même, si votre nom seul est déjà si aimable et si rempli de charmes ? »
- « Cantique des cantiques nous permet de croire que, lors de l’Assomption de la Vierge, les anges s’informèrent de son nom jusqu’à trois reprises différentes. Une première fois, ils s’écrièrent : "Quelle est celle qui s’élève du désert comme une vapeur embaumée ?" Puis, ils se demandèrent : "Quelle est celle qui avance comme une aurore naissante ? Enfin, quelle est, se dirent-ils entre eux, celle qui monte du désert, comblée de délices ? Pourquoi tant d’insistance à demander le nom de leur Souveraine ? — C’est, sans doute, répond Richard de Saint-Laurent, parce qu’ils désiraient entendre le nom si doux de Marie" », dit saint Alphonse de Liguori (1696 – 1787) dans Les Gloires de Marie (Saint Paul, 1997, p. 187).
- Un trinitaire espagnol, Simon de Rojas, compose le premier office liturgique du Doux Nom de Marie, qu’il soumet à l’approbation pontificale le 5 juin 1622.
- En septembre 2010, le pape Benoît XVI recommande l’invocation du Nom de Marie pour la conversion des baptisés. « À la Vierge Marie, dont le Très Saint Nom est célébré aujourd’hui dans l’Église, nous confions notre chemin de conversion à Dieu », déclare-t-il.
Et le nom de Marie est aujourd’hui encore le prénom féminin le plus donné au monde …
Au-delà des raisons d'y croire :
Se confier personnellement et collectivement à Marie, comme Jésus l’a fait lui-même, est, selon tous les saints, une très bonne idée.
Aller plus loin :
« Par mon intercession, est arrivé le miracle de cette victoire... » : homélie pour la fête du Saint Nom de Marie, sur le site de la Famille Missionnaire de Notre-Dame.