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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Une vague de charité unique au monde
n°221

Canada

1620-1700

Marguerite Bourgeoys, première enseignante de Montréal

Marguerite Bourgeoys arrive à Montréal le 16 novembre 1653. Femme pratique, intrépide et mystique, elle devient vite l’âme de la colonie. Tout est à construire. Elle conçoit la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, terminée en 1678. Elle retourne en France pour recruter des compagnes qui l’aideront à la consolidation de la colonie par l’éducation des filles de toutes conditions. Elle devient ainsi la fondatrice de l’enseignement français à Montréal. Elle se donne sans compter pour la colonie, inspirée par le mystère joyeux de la Visitation : la Vierge Marie qui alla aider sa cousine Élisabeth. Considérée comme la cofondatrice de Montréal avec Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys est la première femme proclamée sainte au Canada, le 31 octobre 1982, par Jean-Paul II.

Vitrail représentant sainte Marguerite Bourgeoys, dans l'église Saint Vincent de Paul à Montréal / © CC BY-SA 4.0, ndoduc
Vitrail représentant sainte Marguerite Bourgeoys, dans l'église Saint Vincent de Paul à Montréal / © CC BY-SA 4.0, ndoduc

Les raisons d'y croire :

  • On voit l’importance de la Sainte Vierge dans la vie et la spiritualité de Marguerite Bourgeoys : Marie est à l’origine de sa conversion et de sa vocation de religieuse et d’enseignante. En 1640, lors d’une procession en l’honneur de Notre Dame du Rosaire, Marguerite reçoit une grâce qui bouleverse son existence et éveille sa foi : « Je me trouvai si touchée et si changée que je ne me reconnaissais plus et, retournant à la maison, cela paraissait à tous. » Marguerite désigne ce moment comme celui de sa conversion.

  • En 1652, on propose à Marguerite de tout quitter pour aller en Nouvelle-France et devenir institutrice des enfants des colons et des Autochtones. On comprend pourquoi Marguerite accepte un tel déracinement dans la mesure où la Vierge Marie lui est apparue et lui a dit : « Va, je ne t’abandonnerai pas. »

  • L’œuvre d’éducation et d’évangélisation queMarguerite Bourgeoysmèneà Ville-Marie (Montréal)n’est pas sans difficultés matérielles ni sans dangers, mais Dieu lui manifeste toujours sa présence et sa protection. Pour obtenir des aides, elle n’hésitera pas à traverser l’océan à sept reprises, échappant à tous les aléas habituels de la navigation au XVIIe siècle.
  • Tandis qu’une jeune sœur est à l’article de la mort, le 31 décembre 1699, Marguerite Bourgeoys, qui est alors la mère supérieure de la congrégation, demande à Dieu de prendre sa vie en échange. Le lendemain, la jeune religieuse recouvre la santé et mère Marguerite est prise d’une violente fièvre : elle retourne à Dieu douze jours plus tard, le 12 janvier 1700.
  • Marguerite Bourgeoys a passé sa vie à se mettre au service des autres, et c’est en Christ qu’elle puise son énergie. Dans sa prière, elle demande à Dieu, pour elle et ses compagnes : « Que nous n’ayons jamais d’autre contentement que de vivre en vous [Dieu] et avec vous. »

  • À sa mort, son œuvre d’enseignement au Nouveau-Monde compte la fondation de huit maisons offrant l’enseignement à six cents élèves. Son action éducative et apostolique se perpétue depuis : en 1961, on compte 262 maisons à travers le monde, offrant l’enseignement à plus de 100 000 élèves.
  • Lise Gauthier, âgée de vingt et un ans, est atteinte d’un cancer en phase terminale. Alors que tout laisse à penser que sa fin est proche (on lui a administré les derniers sacrements), elle est complètement guérie en l’espace d’une nuit, du 14 au 15 juin 1968. Des reliques de Marguerite Bourgeoys venaient juste de lui être confiées, et les religieuses de la maison mère de la congrégation fondée par Marguerite à Montréal s’étaient vu confier la malade en intention de prière. Le chirurgien de Lise déclare : « Il s’est passé quelque chose d’extraordinaire dépassant la médecine, et ce n’est pas moi qui l’ai fait. » Ce changement subit et inespéré dans la santé de Lise a été attribué à l’intervention surnaturelle de mère Marguerite Bourgeoys et a été retenu comme le miracle permettant sa canonisation le 31 octobre 1982.

Synthèse :

Marguerite Bourgeoys naît à Troyes le 17 avril 1620 et est baptisée le jour même en l’église Saint-Jean. Elle est la sixième d’une famille de douze enfants. Elle perd sa mère à l’âge de dix-neuf ans. Jusque-là paisible, sa vie est transformée le 7 octobre 1640 par une grâce particulière, durant une procession en l’honneur de Notre Dame du Rosaire. Marguerite regarde une sculpture de la Sainte Vierge située au-dessus du portail d’une abbaye et elle se sent légère, joyeuse. Elle vit ce qu’elle appelle une « conversion ». Elle désire se consacrer à Dieu dans une communauté religieuse, mais sans succès. Ce qui ne l’empêche pas de faire des vœux privés de chasteté et de pauvreté.

La jeune femme devient membre externe des Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame. Mère Louise de Chomedey de Sainte-Marie dirige cette association. Elle est la sœur de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, fondateur de Ville-Marie, qui deviendra Montréal. En 1652, lors de son voyage en France, celui-ci visite sa sœur et recherche une institutrice laïque pour instruire gratuitement les enfants des colons et des Autochtones. Marguerite Bourgeoys, âgée de trente-deux ans, accepte cette tâche après que la Vierge lui est apparue et qu’elle lui confirme sa vocation en disant : « Va, je ne t’abandonnerai pas. »

L’enseignante arrive à Montréal le 16 novembre 1653. L’étable-école, donnée par Maisonneuve en 1658, est devenue trop petite. Marguerite repart en France pour y chercher du renfort. À son retour à Ville-Marie, en 1659, elle est accompagnée de quatre compagnes qui forment le noyau d’une communauté de femmes non cloîtrées au service de tous les habitants de la colonie, y compris les Autochtones. C’est une nouveauté à l’époque, la vie dans un cloître étant alors la règle pour les religieuses. On les appelle les « Filles de la Congrégation ». À côté d’une vie très active, elles mènent aussi une vie de prière.

En 1670, Marguerite Bourgeoys retourne en France pour rencontrer le roi Louis XIV. Ce dernier reconnaît son dévouement exemplaire et signe des « lettres patentes » qui fondent la charte civile des Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame. L’approbation canonique sera octroyée en 1676 par François de Laval, premier évêque de Nouvelle-France. L’approbation des constitutions religieuses de la congrégation par l’Église se fera en 1698.

Si les filles de Marguerite Bourgeoys ne mènent pas la vie cloîtrée, c’est parce qu’elles veulent suivre l’exemple de Marie qui a visité sa cousine Élisabeth. Leur mission profonde est d’imiter « la vie voyagère » de Notre Dame. Habillées simplement pour l’époque, elles ne sont à la charge de personne. Elles peuvent faire le catéchisme et enseigner le long des rives du Saint-Laurent, qu’elles soient à pied, à cheval, en canot. Elles reconnaissent Marie comme leur mère et protectrice, récitant le chapelet en remerciant Dieu pour les faveurs qu’il lui a accordées. Elles prêtent aussi beaucoup d’importance à l’adoration eucharistique, adorant Jésus présent dans le tabernacle de la chapelle de leur communauté. Mentionnons que le nom en religion de Marguerite Bourgeoys est sœur Marguerite du Saint-Sacrement.

Les Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame ouvrent des missions et des écoles pour les fillettes de colons loin de Montréal, comme à Champlain, Batiscan, ou l’Île d’Orléans. La fondatrice n’hésitera pas à traverser l’océan plusieurs fois pour s’assurer des appuis matériels et pour recruter de nouvelles sœurs. Elle puise dans sa dévotion mariale et son amour de l’Eucharistie la force nécessaire pour continuer la mission d’évangélisation.

En 1693, elle cède sa place comme supérieure de la congrégation à Marie Barbier, première Montréalaise qui s’était jointe à elle en 1678. Elle passera ses dernières années à l’infirmerie, veillant à sauvegarder « la vie voyagère » non cloîtrée de sa congrégation, malgré les objections de Mgr de Saint-Vallier, successeur de Mgr de Laval à Québec. Mais tout sera réglé le 1er juillet 1698. Les sœurs prononceront leurs vœux simples en présence de l’évêque.

Marguerite Bourgeoys a peu écrit, laissant une autobiographie et un testament spirituel en 1698. Elle montre que la prière « doit partir du cœur qui est son centre ». Toute sa vie aura été tournée vers Dieu. Elle meurt le 12 janvier 1700 ; et les sœurs de la congrégation qu’elle a fondée continuent son œuvre d’éducatrice jusqu’à aujourd’hui. Elle affirme : « Il est vrai que tout ce que j’ai toujours le plus désiré, et que je souhaite encore le plus ardemment, c’est que le grand précepte de l’amour de Dieu par-dessus toutes choses et du prochain comme soi-même soit gravé dans tous les cœurs. »

Jacques Gauthier, auteur et théologien, a écrit plus de quatre-vingts livres, dont une cinquantaine en spiritualité. Cet article est en partie tiré de son blogue.


Au-delà des raisons d'y croire :

Marguerite Bourgeoys a été canonisée en 1982. Dans son homélie, Jean-Paul II résume bien sa foi ardente : « Pour sainte Marguerite Bourgeoys, on retiendra surtout sa contribution originale à la promotion des familles, enfants, futurs époux, parents. Elle, qu’on a pu appeler à Montréal la "mère de la colonie", aurait pu dire comme saint Paul : "Avec vous, nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes." »


Aller plus loin :

Marguerite Bourgeoys, Les Écrits de Mère Bourgeoys : autobiographie et testament spirituel, Congrégation de Notre-Dame, 1964.


En savoir plus :

  • Jacques Gauthier, Les Saints, ces fous admirables (nouvelle édition), Éditions Novalis (Canada) ou Éditions des Béatitudes (France), 2018.
  • Sous la direction de Diego Arfuch, Montréal, une épopée mystique, Novalis, 2020.
  • Denise Lamarche, Marguerite Bourgeoys, femme de contemplation et de compassion, Carte Blanche, 2007.
  • Lorraine Caza, La Vie voyagère, conversante avec le prochain, Marguerite Bourgeoys, Cerf, 1983.
  • Site historique Marguerite Bourgeoys : https://margueritebourgeoys.org.
  • Au sujet du miracle de canonisation de Marguerite Bourgeoys, consulter le journal La voie de l’Est, numéro du 16 avril 1982, page 12 (disponible en ligne).
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