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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Des miracles étonnants
n°231

Annecy (France, Haute-Savoie)

28 avril 1623

Saint François de Sales ressuscite une enfant noyée

En 1623, Françoise-Angélique de La Pesse, huit ans, se noie dans le canal de Thiou, à Annecy. Son corps sans vie est retrouvé trois heures plus tard. En fin de journée, la fillette revient à la vie après que sa mère a prié François de Sales, évêque et thaumaturge décédé l’année précédente. Du vivant de saint François de Sales, des dizaines de miracles avaient déjà été rapportés. Tous, sans exception, témoignent de l’amour évangélique qu’il plaça au cœur de sa vie et de son action. Il est commémoré le 24 janvier.

© CC0 George Hodan
© CC0 George Hodan

Les raisons d'y croire :

  • Il n’est pas réaliste de soutenir que la fillette n’était pas morte mais évanouie. La fillette ne sait pas nager et son corps, emporté par le courant sur plusieurs centaines de mètres, n’est retrouvé que trois heures après l’accident. Le décès est constaté par un médecin, le docteur Grandis, qui donne une description précise et détaillée du cadavre. Si, au XVIIe siècle, la médecine n’en est encore qu’aux balbutiements, les médecins de l’époque savent tout de même identifier une personne décédée par noyade.
  • Ce miracle n’est absolument pas de l’ordre de la légende : nous en connaissons toutes les circonstances (date, lieu, horaires, identité des témoins).
  • Le récit du miracle est non seulement très détaillé, mais il n’a jamais pu être remis en cause par quiconque : ni par l’entourage de la miraculée, ni par les médecins, ni par les autorités municipales d’Annecy ou le clergé. Au contraire, il a été dûment constaté par de nombreux témoins fiables.
  • Le miracle a eu lieu à Annecy, ville où François de Sales, évêque de Genève (Suisse), avait trouvé refuge. En 1610, François Viollon de La Pesse, le père de la miraculée, avait mis son habitation d’Annecy à la disposition de François de Sales.
  • Les faits datent de 1623, au moment où les autorités de l’Église commencent à rassembler les pièces en vue d’un procès de béatification de François de Sales : une supercherie ou un récit mal circonstancié aurait été immédiatement rejeté, et la famille de La Pesse aurait été la cible de poursuites graves et diverses.
  • Pour autant, ce miracle n’était absolument pas indispensable pour permettre la béatification de François. De nombreux autres prodiges étaient déjà, à cette date, pris en considération par les autorités ecclésiastiques.
  • À cette époque, la notoriété de François de Sales est considérable. Les enquêtes dans l’entourage de la miraculée et le discernement ont été d’une rigueur implacable : comme le sait l’Église, il existe un risque de multiplication contagieuse de récits fallacieux, à divers degrés, à partir d’un événement authentique.
  • La famille de La Pesse appartient à la noblesse régionale et jouit d’une situation confortable. Il n’existe, de près ou de loin, aucune raison humaine pour que ses parents ou un proche aient inventé un récit de résurrection.
  • Les fruits du miracle ont été nombreux et durables, à commencer pour Françoise-Angélique qui, à l’adolescence, devint religieuse de la Visitation, ordre fondé par saint François de Sales.

Synthèse :

Saint François de Sales rend son âme à Dieu le 28 décembre 1622. Quatre mois plus tard, un événement va faire grand bruit à Annecy, la cité de l’auteur du Traité de l’amour de Dieu.

Le vendredi 28 avril 1623, vers quatorze heures, Françoise-Angélique de La Pesse profite d’un moment de distraction de sa mère pour sortir de la propriété familiale. Elle se dirige vers le canal du Thiou, du nom de la rivière qui traverse la ville et qui sert de voie de transport jusqu’au lac d’Annecy. La force du courant y est assez importante pour que, depuis le Moyen Âge, les habitants fabriquent de la farine à partir de moulins installés sur les rives.

La fillette ne prend pas garde aux recommandations qui lui ont été faites : s’approcher de l’eau comporte des risques. Parvenue près de la rive, elle perd l’équilibre, tombe dans l’eau et se noie. La mère ne se rend pas compteimmédiatement de la disparition de sa fille, et ce n’est qu’après de longues minutes qu’elle donne l’alerte. Le courant emporte le corps sur plusieurs centaines de mètres. Vers dix-sept heures, à proximité d’une écluse d’un moulin, des passants remarquent une présence anormale sur les flots. On se rapproche : un cadavre non encore identifié vient d’être repéré.

On hisse le petit corps sur la berge. Bientôt, un attroupement est réuni autour du drame. La force publique est appelée, ainsi qu’un médecin de la ville, le docteur Grandis. Ce dernier ne peut que constater le décès de la fillette. Il note que celle-ci est « froide comme un glaçon », « son visage est noirâtre » et ses « yeux monstrueusement enflés ». C’est dans cet état que madame de La Pesse découvre son enfant. Abattue, la mère, confiante en Dieu, se met à implorer saint François de Sales de la sorte : « Glorieux François de Sales, ma fille ! Ma fille ! Je vous offrirai un cœur d’or massif si je puis la retrouver. » Rien ne change. La mort a fait son travail.

Ramenée dans la maison de la famille, Françoise-Angélique doit être inhumée rapidement, vu les circonstances du décès. La paroisse voisine est prévenue et tout le monde songe aux funérailles du lendemain. Vers dix-sept heures trente, on frappe à la porte de la maison : un groupe de femmes d’Annecy – des amies qui connaissaient la victime depuis toujours – veulent lui rendre un ultime hommage. La mère et les siens hésitent, puis donnent leur accord.

Les visiteuses, silencieuses, sont maintenant autour de Françoise-Angélique. L’une d’elles lève le suaire qui a été disposé sur son corps. Au moment où elle le soulève, toutes se mettent à crier de stupéfaction. L’enfant a ouvert les yeux et a joint les deux mains en disant : « J’ai bien dormi. »

Dans les heures qui suivent, la nouvelle de cette résurrection est connue par tous les habitants d’Annecy, puis de la Savoie entière, et bientôt par sainte Jeanne de Chantal et le roi de France, Louis XIII. Le clergé décide de mener une enquête ad hoc, à l’issue de laquelle le miracle est pleinement authentifié.

Du vivant de saint François de Sales, des dizaines de miracles avaient été rapportés dans les circonstances et les milieux les plus divers. Bénéficiant dans l’immense majorité des cas à des personnes simples, pauvres ou malades, tous, sans exception, témoignent de l’amour évangélique que l’évêque de Genève plaçait au cœur de sa vie et de son action.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

François de Sales, évêque et thaumaturge, est l’un des plus grands auteurs du XVIIe siècle. Or, dans tous ses livres, il fait preuve d’une parfaite connaissance des miracles et manifeste durant toute sa vie un discernement le plus subtil et fécond qui soit en matière de mystique.


Aller plus loin :

Morand Wirth, « François de Sales (saint), 1567 – 1622 », dans Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 303-305.


En savoir plus :

  • André Ravier, François de Sales. Un sage et un saint, Paris, Nouvelle Cité, 1995.
  • Bernard Sesé, Petite vie de François de Sales, Paris, Desclée de Brouwer, 2005.
  • Hélène Michon, Saint François de Sales, une nouvelle mystique, Paris, Le Cerf, 2010.
  • Michel Tournade, Saint François de Sales. Aventurier et diplomate, Paris, Salvator, 2017.
  • Année sainte des religieuses de la Visitation Sainte-Marie, Annecy-Lyon, 1867-1871, 123 vol.
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