Jeanne d’Arc, « la plus belle histoire du monde »
L’histoire et le parcours de Jeanne d’Arc constituent une épopée sidérante et jamais vue. Ses actions ont eu un impact historique majeur, en permettant quelque temps plus tard de libérer la France et de mettre fin à la guerre de Cent Ans.
Jeanne d'Arc à cheval. Enluminure du manuscrit d'Antoine Dufour, Les vies des femmes célèbres, Nantes, musée Dobrée, 1504. ©CC0/wikimedia
Les raisons d'y croire :
- L’affaire est incontestable sur le plan historique.
- Une jeune fille de 17 ans prétendant avoir l’aide de « voix » venant du Ciel est devenue le général en chef des armées françaises désespérées qui subissaient des défaites en série.
- Dès la première bataille, la clairvoyance de ses décisions conduit à une victoire décisive et inattendue à Orléans et à de nombreuses autres ensuite.
- Jeanne n’a ensuite qu’un seul objectif : le sacre du roi Charles VII à Reims quelque temps plus tard, un élément qui, effectivement, changera tout.
- Au cours de sa capture, de son procès et de son exécution, la figure de Jeanne apparaît plus pure et plus extraordinaire que jamais à travers son attitude, ses justifications et son témoignage.
- Tous les Français de tous les courants de pensée finissent par la vénérer comme une sainte extraordinaire, un exemple et l’héroïne de la patrie.
- Aucune explication naturelle ne peut expliquer l’histoire surnaturelle de Jeanne d’Arc.
Synthèse :
Le philosophe Alain disait de l’aventure de cette jeune fille de Domrémy, chef de guerre, libératrice de son peuple et restauratrice de son roi, qu’elle était « la plus belle histoire du monde ». Son historien, Philippe Contamine, ajoutait « et le plus fort est que cette histoire est vraie ».
Peu de personnages historiques ont été autant étudiés que Jeanne d’Arc. Elle a subi sept procès. Un qu’elle gagna à Toul, contre un jeune homme qui prétendait qu’elle devait l’épouser. Ensuite, à la demande du roi, elle fut soumise à l’examen de dames qui devaient dire si elle était vierge. Puis de théologiens, qui jugèrent qu’« il n’y avait en elle que du bon ». Puis, le procès de Rouen qui la condamna, le procès de Paris qui annula le procès de Rouen, le procès de béatification, enfin le procès en canonisation, qui dura plus de cinquante ans.
Impossible de parler de légende ou de mythe. Cette vérité a été écrite au procès de Rouen avec ses propres mots : « Dans mon pays, on m’appelait Jeannette » ; « J’ai appris de ma mère Pater, AveMaria, Credo, je n’ai appris ma croyance de personne d’autre que de ma mère » ; « Je connais très bien les douze articles de la foi ». De sa mère encore, elle apprit à « coudre panneaux de lin et à filer » et « ne craint femme de Rouen pour filer et coudre ». Elle fréquente l’église et assiste les pauvres. Elle va, avec les enfants du village, à l’arbre qu’on appelle le « Beau Mai » et répond en riant aux juges qu’elle n’y a jamais vu de fées. Elle pèlerine, aux jours de fête de la Sainte Vierge, à Notre-Dame de Bermont. Elle se confesse à son curé et, parfois, à des religieux mendiants.
Au cœur de cette paix familiale et villageoise, elle entend une voix. Elle a treize ans, l’âge de la nubilité pour les filles : « Et vint cette Voix / environ l’heure de midi / au temps de l’été / dans le jardin de mon père. » François Cheng dit de ce quatrain qu’il est « le plus beau de la langue française ». « Elle parle un français de Christ », disait Jules Laforgue.
D’où lui venait ce si beau parler ? Frère Seguin, juge à Poitiers, raconte qu’il lui avait demandé si saint Michel parlait le français et, comme il avait un fort accent du Limousin, elle lui répond : « Meilleur que le vôtre ! » C’est de ses voix qu’elle tient ce si beau parler. « Cette voix est belle, et douce, et humble, et parle langage de France. » Ou encore : « Et me disait l’ange la grande pitié qui est au royaume de France. » Celui qu’elle appelait « Gentil Dauphin » lui donne douze mille hommes, douze mille écus et douze chevaux pour son équipage personnel.
Chef des armées à 17 ans, elle libère Orléans le 7 mai 1429. Elle mène une campagne éblouissante dans la vallée de la Loire, qui s’achève par la victoire écrasante de Patay, le 18 juin de la même année. Elle conduit Charles à Reims où il est sacré. À la messe, son étendard flotte plus haut que tous les autres et, quand les juges de Rouen le lui reprochent comme une marque d’orgueil, elle répond : « Il avait été à la peine. C’était bien raison qu’il fût à l’honneur. » Elle chargeait, armée de son seul étendard pour éviter de tuer quelqu’un et elle a ce cri, étonnant pour un chef de guerre : « Je n’ai jamais tué personne ! » À quoi l’évêque rétorque : « Mais enfin, Jeanne, vous avez été dans des endroits où beaucoup d’Anglais furent tués », ce qui lui vaut pour réponse : « Comme vous en parlez doucement ! Ils n’avaient qu’à rentrer chez eux. » Dans la salle, un seigneur anglais s’écrie : « Quelle bonne femme ! Que n’est-elle anglaise ! »
Prisonnière à Compiègne, le 24 mai 1430, elle est traduite devant le tribunal pour le premier procès politique de l’histoire, du 21 février au 30 mai 1431. Son temps de prison aura été quasiment équivalent à son temps de gloire ; elle meurt en répétant six fois le nom de Jésus et, avant d’expirer dans les flammes, une dernière fois, dans un grand cri : « Jésus ! »
La mission de Jeanne avait été précédée de la diffusion, dans toute la chrétienté, d’un livre qui sera l’un des succès mondiaux de tous les temps : L’imitation de Jésus-Christ. Jeanne est à l’imitation de Jésus-Christ. Comme le Fils est venu en ce monde, en roi martyr qui, par son sacrifice, ramène l’humanité rachetée à la droite du Roi des Cieux, Jeanne est venue, à la demande du Ciel, ramener un royaume de la Terre à la vraie lieutenance de Jésus-Christ.
Jeanne dit sans cesse que son roi, Charles, est le lieutenant de Jésus-Christ qui est vrai roi de France. À l’imitation de Jésus-Christ, elle connaît la gloire de l’entrée à Jérusalem, puis la déréliction devant les juges qui sont évêques, théologiens et docteurs. Elle meurt dans l’ignominie absolue, abandonnée de tous mais, après sa mort, ses prophéties s’accomplissent. Sa vénération s’étend dans le peuple et dans la famille de France jusqu’à un retour en gloire, dans la moitié du XIXe siècle, d’abord par des historiens libres penseurs et républicains, puis par des hommes d’Église et, enfin, par une loi la décrétant « héroïne nationale » et sa canonisation la même année, il y a cent ans.
Avec les actes du procès de Rouen, les Français ont non seulement « le plus pur et le plus émouvant chef d’œuvre de toute la littérature », mais aussi un véritable bréviaire du laïc dont ils peuvent se nourrir chaque jour, en y puisant des leçons de mystique et de politique dites avec la vivacité, le sourire, jusque dans la souffrance et l’éclatant bon sens de cette jeune fille qui est l’incarnation la plus parfaite de l’âme de la France.
Au-delà des raisons d'y croire :
Jeanne d’Arc est une sainte extraordinaire à découvrir.
Aller plus loin :
Lire le livre de référence, La Sainte de la Patrie, de Mgr Touchet, évêque d’Orléans, qui a obtenu la canonisation de Jeanne et sa proclamation comme patronne secondaire de France.