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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
La Bible
n°47

Palestine

Ier siècle

Le Nouveau Testament n’a pas été corrompu

Avoir le contenu authentique de la Bible est primordial pour pouvoir établir les constituants de la foi chrétienne. Or, nous n’avons plus accès aux manuscrits originaux et les copies anciennes du Nouveau Testament que nous possédons contiennent près de 400 000 variantes. D’aucuns pourraient dire qu’il s’agit là de la preuve que les récits du Nouveau Testament ont été corrompus au cours du temps et qu’ainsi, il n’est pas fiable. Cette assertion est largement réfutée par les historiens : il est établi que le Nouveau Testament est le texte le mieux attesté de l’Antiquité. La critique textuelle (méthode qui analyse les différentes variantes que l’on peut trouver dans les manuscrits) permet en effet de reconstituer avec certitude plus de 99,5 % du texte original du Nouveau Testament.

© Unsplash/Timothy Eberly
© Unsplash/Timothy Eberly

Les raisons d'y croire :

  • N’avoir pas accès aux manuscrits originaux du Nouveau Testament ne remet pas en cause sa fiabilité : nous n’avons accès à aucun manuscrit original des autres œuvres de l’Antiquité, car ils se sont désagrégés avec le temps.
  • Disposer de plusieurs manuscrits d’un même texte, comme c’est le cas pour le Nouveau Testament, implique nécessairement un nombre important de variantes. Or, ce sont justement ces variantes, en les confrontant les unes aux autres, qui permettent de reconstituer efficacement le texte original.

Parmi les variantes relevées dans les manuscrits du Nouveau Testament, notons que :

  • 75 % sont des fautes d’orthographe ou des fautes de frappe qui n’affectent pas le sens.
  • 15 % sont des substitutions par des synonymes qui ne changent pas le sens du texte (par exemple, « Jésus Christ » au lieu de « Christ Jésus »).
  • 9 % sont des variations sur des manuscrits tardifs qui peuvent donc être facilement corrigées en comparant avec les manuscrits plus anciens.
  • 1 % seulement des variantes concerne des manuscrits anciens et change le sens du texte. Parmi celles-ci, seules 40 n’ont pas pu être résolues par la critique textuelle. Cela ne représente que 0,5 % du texte, ce qui signifie qu’il n’y a pas de doute sur les 99,5 % restants !
  • Aucune de ces variantes n’affecte l’une des doctrines centrales du christianisme.

Synthèse :

Il est parfaitement vrai que nous ne possédons plus les manuscrits originaux du Nouveau Testament. Cela pourrait inquiéter les personnes non informées en matière de critique textuelle, mais il faut savoir que cela est tout à fait normal. Nous n’avons accès à aucun manuscrit original des textes de l’Antiquité. Nous ne possédons pas la République de Platon ni l’Iliade d’Homère ou la Guerre des Gaules de Jules César. Il en va de même pour les œuvres des historiens romains et juifs les plus connus du Ier siècle. Nous ne détenons pas les manuscrits originaux des Antiquités juives de Flavius Josèphe, ni les Annales de Tacite, ni les écrits de Suétone, etc. Ces œuvres ont été écrites sur des papyrus ou des peaux d’animaux qui se sont désagrégées avec le temps. Heureusement, la critique textuelle est tout à fait capable de reconstituer le contenu des documents originaux. Tant que nous avons assez de manuscrits anciens, nous pouvons les comparer et reconstruire le texte d’origine avec un degré de précision très élevé.

D’ailleurs, pour beaucoup d’œuvres de l’Antiquité, nous ne possédons que quelques manuscrits, parfois une seule copie de l’original écrit des centaines voire des milliers d’années plus tard ! Cela n’empêche pas les historiens d’étudier sérieusement ces sources et d’en tirer le message original en substance. Par exemple, même si nous n’avons plus les écrits de Platon, nous pouvons comparer les 250 copies des manuscrits auxquelles nous avons accès, afin de reconstruire le manuscrit original et savoir ce que Platon a vraiment dit.

Certains sceptiques objectent qu’il existe entre 200 000 et 400 000 variantes dans les 24 000 manuscrits du Nouveau Testament que nous possédons. La Bible aurait donc été corrompue par de nombreux changements à travers les siècles. Mais cette critique n’impressionne pas vraiment les spécialistes de critique textuelle. D’abord, même si un tel nombre de variantes peut paraître élevé, il est en réalité assez faible. En effet, cela fait une moyenne de seulement de 8 à 17 variantes par manuscrit.

En comparaison, si l’on examine les six premiers livres des Annales de l’historien romain Tacite (notre source primaire pour la connaissance de la Rome antique), nous ne possédons qu’un seul manuscrit datant d’environ mille ans après l’original. Nous n’avons aucune variante pour cette œuvre, car il n’existe aucun autre manuscrit pour faire la comparaison ! Nous ne pouvons pas savoir si ce que nous relate le manuscrit représente exactement ce que Tacite aurait dit lui-même au mot près Il est impossible de reconstituer les propos exacts de l’original, car il nous manque d’autres exemplaires pour comparer les textes.

Ainsi, il faut retenir la chose suivante : plus le nombre de manuscrits est élevé, plus les variantes sont nombreuses. L’existence de ces manuscrits, avec leurs variantes, nous permet de les comparer et d’avoir la certitude que le texte a bien été préservé au fil des siècles. Un Nouveau Testament avec de nombreuses variantes et beaucoup de manuscrits est bien plus fiable qu’un autre texte avec peu de manuscrits (et donc peu de variantes).

La critique textuelle moderne permet, de plus, de résoudre la quasi-totalité de ces variantes. Parmi elles :

  • 75 % sont ce que l’on appelle aujourd’hui des fautes de frappe ou des fautes d’orthographe qui n’affectent pas le sens. Si un seul mot est mal orthographié dans 3 000 manuscrits, les exégètes le comptent comme 3 000 variantes.
  • 15 % sont des substitutions par des synonymes qui ne changent pas la traduction du texte (par exemple « Jésus Christ » au lieu de « Christ Jésus »).
  • 9 % sont des variations sur des manuscrits tardifs qui peuvent donc être facilement corrigées en comparant avec les manuscrits plus anciens.
  • 1 % seulement des variantes concerne des manuscrits anciens et change le sens du texte. Toutefois, aucune de ces variantes n’affecte l’une des doctrines centrales du christianisme. Elles sont plutôt de l’ordre de l’anecdote.

Parmi ces 1 % de variantes, seules 40 n’ont pas pu être résolues par la critique textuelle. Cela représente seulement 0,5 % du texte, ce qui signifie qu’il n’y a pas de doute sur les 99,5 % restants ! C’est de loin un record : en comparaison, l’Iliade atteint un score de 95 % de préservation. Dans ces 0,5 % du texte non résolu, le sens substantiel est souvent le même et ne pose pas de problème de compréhension.

Par exemple, certaines versions de 1 Corinthiens 1,4 disent « je rends à Dieu de continuelles actions de grâces », tandis que d’autres varient légèrement en disant « je rends à mon Dieu de continuelles actions de grâces ».

Un autre verset qui n’a pas pu être résolu par la critique textuelle est Jean 3,16. Il est traduit légèrement différemment dans certains manuscrits :

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Bible de Jérusalem).

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (version Louis Segond).

« Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (traduction œcuménique de la Bible).

Ainsi, on voit bien à quel point les quelques variantes non résolues ne posent aucun problème à la compréhension générale du texte et ne remettent nullement en cause la foi des chrétiens.

L’éminent exégète Craig Blomberg le confirme : « Seulement environ 1 % [des variantes] sont pertinentes pour être ajoutées en note de bas de page dans la plupart des traductions anglaises de la Bible. On ne saurait trop insister sur le fait qu’aucune doctrine orthodoxe ou pratique éthique du christianisme ne dépend d’une formulation contestée. [...] Ehrman [exégète athée] concède lui-même que "les croyances chrétiennes essentielles ne sont pas affectées par des variantes textuelles dans la tradition manuscrite du Nouveau Testament" » Craig Blomberg, Can we still believe the Bible? An Evangelical Engagement with Contemporary Questions, Grand Rapids, Brazos Press, 2014, p. 27-28.

Matthieu Lavagna, auteur du livre Soyez rationnel, devenez catholique !


Aller plus loin :

Craig Blomberg, Can we still believe the Bible? An Evangelical Engagement with Contemporary Questions, Grand Rapids, Brazos Press, 2014.


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