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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Une vague de charité unique au monde
n°218

France

1576 – 1622

Bienheureuse Alix Le Clerc, encouragée par Marie à créer des écoles

Alix Le Clerc est une Lorraine belle et riche, qui menait une vie frivole avant sa conversion. Celle-ci eut lieu à la suite d’une apparition de la Vierge Marie et la rencontre avec le curé de son village, saint Pierre Fourier. Avec lui, elle fonde une congrégation destinée à accomplir une tâche très novatrice à l’époque : éduquer les jeunes filles pauvres. Alix devient « Mère Thérèse de Jésus ». Elle meurt le 9 janvier 1622, à Nancy, dans le monastère qu’elle avait fondé en 1617 et qui était le premier de son ordre. Beaucoup de nouvelles écoles gratuites pour filles furent fondées sur le modèle élaboré par Alix, partout en Lorraine, puis ailleurs en France et dans le monde.

© Shutterstock/PIC SNIPE
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Les raisons d'y croire :

  • Alix n’est pas née « bienheureuse ». Au contraire, elle a d’abord vécu comme une femme du monde, sans questionnement spirituel.
  • Elle se convertit définitivement à la suite d’une vision de la Vierge, au cours d’une messe, qui la conforte dans la vocation de religieuse et d’enseignante qu’elle sent naître en elle. Après cet événement, elle choisit de partager les difficultés des plus démunis de son époque et ne fera jamais machine arrière.
  • Sa conversion n’a rien d’illusoire ou d’organisé : par ses choix, Alix s’attire les foudres de son entourage social, en particulier de sa famille qui ne la comprend pas. Non seulement elle n’obtient aucun avantage de ce changement, mais elle est dorénavant soumise à de très vives critiques, à tous niveaux.
  • Aidée de saint Pierre Fourier, la bienheureuse est la fondatrice d’une congrégation religieuse dont le projet charitable est à son époque très novateur et visionnaire : donner accès à un enseignement gratuit, digne de ce nom, aux jeunes filles les plus pauvres.
  • Les fondateurs de la IIIe République, parfois anticléricaux, ont unanimement reconnu l’œuvre d’Alix. Jules Ferry déclarait que sa congrégation avait irrémédiablement marqué « la naissance de l’instruction primaire en Lorraine », constituant « l’acte de naissance de l’enseignement des filles en France ».

  • Attestant l’intuition géniale d’Alix, cette congrégation est extrêmement féconde. En 1789, elle compte 84 monastères et 4 000 religieuses ; 31 sont encore en activité en 1897, malgré la période révolutionnaire anticléricale. La congrégation Notre-Dame est présente aujourd’hui dans une quarantaine de pays, dont le Brésil, le Vietnam, le Congo, Hong Kong, le Mexique…
  • Alix est accompagnée tout au long de ces années d’activité par un saint, Pierre Fourier, dont la solidité spirituelle et doctrinale, ainsi que l’engagement inépuisable envers les plus pauvres, est attestée par tous.
  • La hiérarchie ecclésiastique a constamment approuvé et soutenu Alix et son œuvre : en 1603, le cardinal Charles de Lorraine donne son approbation à sa congrégation « de la Bienheureuse Vierge Marie », appuyée en 1628 par le pape Urbain VIII. Alix est béatifiée par le pape Pie XII en 1947, et son procès de canonisation est en cours.
  • Après sa mort, le monastère de Nancy est assailli par une foule de croyants de toutes conditions, pendant trois jours, sans discontinuité, tant elle est déjà considérée comme une sainte de son vivant.
  • Des miracles posthumes, notamment des guérisons inexplicables, sont rapportés par plusieurs témoins dignes de foi, à qui on ordonne de prêter serment devant des hommes de loi. Leurs récits ont tous été consignés par des représentants de la maison ducale de Lorraine.
  • On perd la trace du tombeau d’Alix à la Révolution, mais, en 1950, son cercueil est retrouvé de manière complètement providentielle dans une cave d’un immeuble de Nancy, par des jeunes aménageant un lieu de concert. Les reliques, restées ainsi introuvables pendant cent soixante ans, ont été authentifiées après une enquête historique rigoureuse, puis transportées en 2007 à la cathédrale de Nancy.

Synthèse :

Alix Le Clerc est née le 2 février 1576 à Remiremont, dans les Vosges (duché de Lorraine), qui, à cette date, n’est pas encore une province française. Sa famille occupe un rang social d’importance. Son père, Jean Le Clerc, un bourgeois marchand, a des responsabilités municipales de premier plan. La mère d’Alix, Anne, née Sagay, est issue d’une vieille famille d’Épinal. L’enfant est élevée dans un milieu sans histoires et sans difficultés matérielles. L’adolescente, fille unique, belle et insouciante, mène une vie frivole, selon son propre témoignage : « J’avais tant de compagnie, de vanité et de jeunesse. J’aimais fort à danser », se souvient-elle quelques années après sa conversion.

Âgée de dix-huit ans, elle accompagne ses parents dans leur déménagement à Mattaincourt, petit village où son père espère développer son négoce. Ce qu’elle ignore absolument, elle, la jeune femme aimant les fêtes et les belles parures, c’est qu’elle va rencontrer le prêtre du village, qui va participer à changer complètement son existence.

En effet, le curé de Mattaincourt est le futur saint Pierre Fourier (1565 – 1640), prêtre augustin, avec qui elle va vivre une longue amitié de vingt-cinq ans. À ses côtés, elle va peu à peu connaître les réformes entreprises par le concile de Trente (1545-1563), dont Pierre est un acteur remarquable (il crée un réseau de secours pour les plus pauvres et une soupe populaire avant la lettre), mais aussi l’importance de l’éducation gratuite pour tous, à commencer par les déshérités. Elle prend conscience, pour la première fois, des inégalités sociales extraordinaires de son temps. Les carences en matière éducative la laissent sans voix : « Il me tombait toujours en l’esprit qu’il faudrait faire une nouvelle maison de filles pour y pratiquer tout le bien que l’on pourrait. »

Elle tombe assez gravement malade et, contrainte de garder la chambre de longues semaines, elle en profite pour réfléchir sur le sens qu’elle entend donner à son existence, sur une éventuelle vocation religieuse, et sur la réalité de l’existence de Dieu. Une fois remise sur pied, elle va à la messe dans l’église de Mattaincourt. Là, elle est sujette à une expérience qui la marque à tout jamais : la Vierge Marie lui apparaît et, en lui souriant, l’encourage dans sa vocation d’enseignante. À la fin de la cérémonie, Alix est définitivement convertie. Les semaines suivantes, pour gagner la confiance de celles à qui elle s’adresse, elle abandonne ses vêtements de valeur pour des habits de paysan. Sa famille fulmine.

Soutenue et accompagnée par saint Pierre Fourier, elle persuade quatre de ses amies qu’il faut servir Dieu à travers les jeunes filles pauvres. Elles décident d’un commun accord, avec l’aval du curé de Mattaincourt, de donner leur vie à Dieu et, pour ce faire, de vivre religieusement, selon des règles, et d’enseigner du mieux qu’elles pourront. C’est à partir de cette époque qu’elle ressent en elle un appel qu’elle ne parvient pas immédiatement à saisir. « Ceci me réjouit, de me retirer du monde qui m’ennuyait sans en savoir la cause », indique-t-elle bien plus tard.

Quelques mois plus tard et malgré le jeune âge d’Alix, qui n’a alors que vingt-deux ans, la première école gratuite pour les filles sans ressources est ouverte, à l’automne 1598. Mais le père d’Alix, sensible aux moqueries des siens quant au comportement de sa fille, lui ordonne de quitter la communauté naissante et de se rendre dans un couvent à Ormes (France, Vosges). Dans le même temps, deux nobles dames se chargent d’accueillir les amies d’Alix à Poussay (France, Vosges). Aucune des religieuses groupées autour d’Alix n’est noble, alors que le chapitre de Poussay est exclusivement constitué de femmes aristocrates : le mélange n’est pas aisé... Madame d’Apremont, une des dames de Poussay, persuade alors Alix de s’installer plutôt à Mattaincourt, dans une maison qu’elle vient d’acheter. C’est une aubaine providentielle : saint Pierre Fourier, curé du village, très heureux d’apprendre la nouvelle implantation des sœurs, assure à toutes et à tous qu’il se porte garant de la communauté d’Alix et qu’il en assurera la direction spirituelle.

Bientôt, des maisons sont ouvertes un peu partout en Lorraine : Nancy, Pont-à-Mousson, Verdun, Bar-le-Duc, Mirecourt, Épinal… Alix visite régulièrement ces écoles et tente d’y apporter des améliorations pour le bien-être et la foi de toutes les jeunes filles. Elle place ses fondations sous la protection de la Vierge. En 1617, la première prise d’habit a lieu : Alix prend le nom de « mère Thérèse de Jésus ».

L’activité d’Alix est incessante : elle écrit des textes spirituels pour ses sœurs en religion, administre la congrégation, fait la classe, prie des heures durant, de jour comme de nuit, prend fréquemment conseil auprès de saint Pierre Fourier, entretient une correspondance avec l’élite politique et religieuse de son temps... La fondatrice signe chacune de ses lettres : « Que Dieu soit votre amour entier. »

Parallèlement, Pierre Fourier fait connaître l’existence et l’importance novatrice de la nouvelle congrégation à tout le clergé lorrain. Il informe en premier l’évêque de Toul (France), Jean des Porcelets de Maillane. Puis il renseigne le primat de Lorraine qui, à son tour, décide d’en parler à Rome. Le cardinal Charles de Lorraine signe l’acte d’approbation le 8 décembre 1603. En 1628, le pape Urbain VIII donne son approbation à la congrégation.

Entre-temps, Alix, épuisée, a rendu son âme à Dieu le 9 janvier 1622. Une foule compacte défile devant le corps de la bienheureuse, presque sans interruption.

À la veille de la Révolution française, l’œuvre comporte 84 monastères où vivent 4 000 religieuses. Quand Pierre Fourier est canonisé, en 1897, il existe encore 31 monastères (et donc autant d’écoles) en Europe. Les sœurs, devenues en 1962 les Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame, sont aujourd’hui présentes dans une quarantaine de pays à travers la planète.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Par ses écrits, son amitié avec saint Pierre Fourier, son travail éducatif et caritatif, Alix est un modèle de sainteté qui dépasse de loin le XVIIe siècle : des milliers de personnes à travers le monde se reconnaissent de plus belle en 2024 dans ses intuitions visionnaires.


Aller plus loin :

Albert Gandelet, La Vie de la mère Alix Le Clerc. Fondatrice, première mère et religieuse de l’ordre de la congrégation de Notre-Dame, 1882. Réédition Hachette-BNF, 2013.


En savoir plus :

  • Béatrice Beaumarais et Cécile Jacquerye, Alix Le Clerc. Aller au bout de ses rêves, Fleurus-Mame, 2014.
  • Dans le Guide des saints du site Internet Hozana, l’article : « Bienheureuse Alix Le Clerc : vie, fondation et prière ».
  • Dans le cadre des conférences du Sedifop consacrées au thème « Imiter le Christ » : la conférence vidéo du père Denis Beligné sur saint Pierre Fourier et la bienheureuse Alix Le Clerc.
  • Marie-Alexia Nguyen, Prier 15 jours avec Alix Le Clerc, fondatrice de la Congrégation Notre-Dame, Éditions Nouvelle Cité, 2019.
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