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Conversions d'athées
n°203

Italie

2016

Franca Sozzani, la « papesse de la mode » qui voulait rencontrer le pape

Si vous ne vous intéressez pas à la mode, vous n’en avez peut-être jamais entendu parler ; si vous êtes une fashionista en revanche, peu de chance que son nom vous ait échappé : Franca Sozzani, rédactrice en chef de Vogue Italie, régna sur le goût et la mode durant des décennies. Mais, surtout, celle que l’on connaissait d’abord pour sa fréquentation des podiums et des défilés s’est convertie à la vraie foi quelques mois avant sa mort, en contemplant le Saint Suaire. C’est son fils qui l’a raconté : en cette année 2016, alors que le linceul du Christ est exposé, il l’y accompagne. Après avoir contemplé le corps imprimé sur le tissu, celle qui se sait gravement malade demande à son fils de l’attendre : elle voudrait se confesser. Surpris, il acquiesce, et patiente trois heures. Quand elle le rejoint, Franca Sozzani est transformée : elle n’a plus qu’un désir, rencontrer le pape François pour comprendre d’où vient sa force spirituelle. Hélas, le temps ne lui sera pas laissé : elle décède le 22 décembre des suites de sa maladie, pleine de foi et d’espérance.

Franca Sozzani / © Shutterstock
Franca Sozzani / © Shutterstock

Les raisons d'y croire :

  • Franca Sozzani venait d’un monde réputé pour sa superficialité et ses mœurs dissolues : rien ne laissait présager sa conversion totale et instantanée au christianisme.
  • La conversion de Franca Sozzani est déclenchée par la contemplation de l’empreinte du corps souffrant du Christ abandonnée sur son linceul.
  • Dans la foulée, elle demande à se confesser pour retrouver la pleine communion avec le Christ et son Église. Selon son fils, cette confession l’a transformée visiblement et durablement apaisée.
  • Elle conçoit un amour filial authentique pour le pape, doublé d’une admiration sans bornes.
  • Elle quitte ce monde l’âme apaisée, sachant que la mort est un retour à Dieu. Elle a souhaité que soit lu durant sa messe d’enterrement : « Mieux vaut le jour de la mort plutôt que celui de la naissance » (Qo 7,1).

Synthèse :

Née à Mantoue en 1950, Franca Sozzani déménage souvent au cours de son enfance, suivant les pérégrinations professionnelles de son père, ingénieur. Mais c’est à Milan, capitale italienne de la mode, qu’elle passe la majeure partie de son temps. Après avoir suivi des études de littérature dans l’université catholique du Sacré-Cœur, elle se lance très tôt dans le monde de la mode, et apprend le métier de journaliste spécialisée, intervenant dans divers titres internationaux.

À l’âge de trente-sept ans, on lui confie la rédaction en chef de la version italienne du célèbre magazine Vogue. C’est une gageure : le titre se porte très mal à cette époque, et tout est à rénover. Franca Sozzani y fait merveille, se dévouant corps et âme à son magazine, qui finit par attirer tous les plus grands créateurs et mannequins du monde. Peu à peu, elle devient une légende de ce milieu, notamment en publiant en 2008 un numéro rassemblant uniquement des top models noirs.

Mariée plusieurs fois, elle a un fils avec le directeur du Club Med italien. C’est ce fils, Francesco, qui l’accompagnera un jour de 2016 devant le Saint Suaire, exposé à la cathédrale de Turin. Il a raconté ce moment inouï dans le documentaire qu’il a consacré à sa mère, Franca : chaos et création. Ce qui aurait pu demeurer une simple excursion touristique, ou un exercice de curiosité pour ce linge qui défie toujours la science et la raison, s’est transformé en un moment crucial de conversion. Elle, la blonde longiligne, à la chevelure reconnaissable entre mille, elle, la papesse de la mode, la grande dame du milieu, se fait soudain petit enfant devant le visage et le corps du Seigneur imprimés de manière miraculeuse.

Quand elle demande à se confesser, son fils croit d’abord à une plaisanterie. Puis, quand il doit patienter trois heures pendant qu’elle reçoit le sacrement de réconciliation, il croit à une mauvaise blague. Mais, enfin, elle lui dit : « Parfois, dans la vie, tu veux regarder à l’intérieur de toi-même. » Et elle ajoute : « Manzoni est entré une fois dans une église, cela lui a suffi pour se convertir. » Manzoni est un célèbre écrivain italien du XIXe siècle qui, comme Claudel, s’est converti subitement dans une église. Elle-même, racontera-t-elle quelque temps plus tard à son fils, s’est convertie à ce moment-là, d’un seul coup.

Cette conversion, aussi profonde que fulgurante, lui conférera une foi vive qui l’accompagnera dans le cancer qui a déjà commencé de la ronger et la tuera quelques mois plus tard. Elle laisse le souvenir d’une femme de feu, aussi enflammée dans son métier que dans son espérance retrouvée.

Jacques de Guillebon est essayiste et journaliste. Il collabore notamment à la revue catholique La Nef.


Aller plus loin :

Le documentaire réalisé par Francesco Carrozzini, Franca, chaos and creation, 2018 (bande-annonce en ligne).


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