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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°168

Italie et France

336 - 397

Saint Martin de Tours, père de la France chrétienne

Au IVe siècle, alors qu’il grandit en Italie dans une famille païenne, Martin se laisse conquérir dès son plus jeune âge par la lumière fulgurante du Christ. Soldat estimé dans l’armée impériale romaine, il préfère renoncer à sa carrière militaire pour servir uniquement Dieu. Pour cela, il se rapproche de saint Hilaire de Poitiers et il fonde à Ligugé un monastère de religieux contemplatifs, retirés dans la solitude. Mais sa sainteté lui attire de nombreux disciples. Il est nommé évêque de Tours sur l’insistance du peuple franc en 371. Prêchant avec bonté, se faisant proche des pauvres, réalisant de prodigieux miracles, Martin meurt en apôtre infatigable, à Candes, le 11 novembre 397. En raison de l’étonnante conversion de villages entiers à la foi et de sa postérité dans l’histoire, saint Martin de Tours semble bien être le père de notre nation chrétienne.

Saint Martin de Tours découpant un morceau de son manteau pour mendiant, fresque dans l'église Saint Martin à Unteressendorf, Allemagne. / © Shutterstock, Zvonimir Atletic
Saint Martin de Tours découpant un morceau de son manteau pour mendiant, fresque dans l'église Saint Martin à Unteressendorf, Allemagne. / © Shutterstock, Zvonimir Atletic

Les raisons d'y croire :

  • L’écrivain Sulpice Sévère, contemporain de saint Martin, demande à ceux qui liront la Vie de saint Martin (396-397) d’ajouter foi à ses récits car il certifie n’avoir retranscrit que « des faits certains et avérés ». Et il ajoute : « D’ailleurs, mieux vaut se taire que de mentir. » Juriste chevronné, connaissant parfaitement bien Martin et recueillant de nombreux témoignages auprès de personnes ayant bénéficié de la vertu du saint, Sulpice a raconté des anecdotes précises jugées conformes aux mœurs de l’époque par des historiens critiques. Par ailleurs, Sulpice avait prévu de faire lire l’ouvrage qu’il venait d’achever à Martin ; mais la mort du saint l’en a empêché. Il est donc fort probable que l’honnêteté, la rigueur et la proximité du biographe avec Martin, ainsi que les témoignages de ses contemporains, retranscrivent sans déformation la réalité des faits.
  • Disciples du saint, Sévère et Gallus ont apporté des témoignages complémentaires des actions stupéfiantes de Martin dans le Dialogue sur les vertus de saint Martin
  • Durant sa carrière d’officier romain, Martin s’engage publiquement pour le Christ avec une intrépidité déconcertante. En réplique à l’accusation de couardise lancée contre lui par l’empereur Julien l’Apostat, Martin s’avance vers les armées adverses armé du seul signe de la croix. Il échappe miraculeusement à la mort, car l’ennemi demande finalement la paix. Martin conquiert ainsi sa liberté pour quitter l’armée et s’enrôle en faveur du règne du Christ.
  • Comme Martin partage son manteau avec un pauvre nu aux portes d’Amiens, il voit durant la nuit le Christ revêtu de la moitié de la chlamyde qu’il a donnée au mendiant. Or, il reçoit de cette apparition l’ordre de « la reconnaître avec la plus grande attention ». Cette demande d’observer le détail du manteau prouve que Martin n’est pas porté à le faire de lui-même, autrement dit son esprit n’inspire pas son rêve. Martin est bien face à une réalité distincte de lui : une visite céleste du Seigneur Jésus vivant qui le reconnaît comme son disciple. Martin reçoit aussi fréquemment des apparitions des saints Pierre et Paul qui l’affermissent dans sa mission d’apôtre de la Gaule.
  • La vertu de foi de Martin sème parmi de nombreux incroyants une véritable terreur en raison des miracles spectaculaires qui accompagnent ses prières ferventes. Exceptionnels en raison de leur intensité, ils modifient les lois de la nature devant les esprits les plus dubitatifs : dominations sur l’eau en sauvant des navires, résurrections de morts, expulsions de démons de corps humains…
  • Martin enflamme par exemple un temple païen : la flamme poussée par le vent se dirige vers une maison voisine. Martin monte alors sur le toit et s’interpose au-devant des flammes qui menacent la maison : étonnamment, elles rebroussent chemin contre la violence du vent et les habitants sont épargnés.
  • Menant une lutte acharnée contre les péchés et les vices enracinés en Gaule, la force évangélique du saint est performante au point de susciter la conversion rapide de régions entières du paganisme vers le christianisme. La quantité et la variété des conversions attribuées à son intercession sont impressionnantes.

Synthèse :

Martin naît à Sabarie, en Pannonie (Europe centrale), d’une famille non chrétienne relativement aisée. Comme son père est soldat dans l’armée impériale, il grandit en Italie du Nord, à Ticinum, l’actuelle Pavie. Il raconte à Sulpice Sévère qu’à l’âge de dix ans, il se rend à l’église pour demander le baptême en devenant catéchumène, sans le consentement de ses parents. Or, cela lui est refusé. Peu après, il se donne tout entier au service exclusif de Dieu. À douze ans, pour preuve de l’attachement de son âme à cet appel intense, il ne cherche plus qu’à vivre dans la solitude pour y goûter la présence de son Dieu. Son père, trouvant cette attitude curieuse, décide de le présenter au service militaire. Martin doit ainsi prêter serment dès ses quinze ans.

 

En formation dans la cavalerie sous le règne de l’empereur Constance, puis sous celui de Julien César, il prend l’habitude de servir son valet en lui ôtant ses chaussures et en les nettoyant. Il déjeune avec lui, console les malheureux, secourt les pauvres, les nourrissant et les habillant. Il ne garde de sa solde que le simple nécessaire. Sa patience, son humilité et sa sobriété sont reconnues de ses contemporains.

 

Âgé de 18 ans, aux portes d’Amiens durant un hiver rigoureux, il voit un indigent « presque nu. L’homme de Dieu comprend que c’est à lui que Dieu l’a réservé. » Martin a déjà donné tout ce qu’il a et ne possède que le manteau qui le revêt. Il tire soudainement son épée pour couper sa pièce d’étoffe en deux afin d’en revêtir le pauvre. La nuit suivante, il est réveillé en voyant le Christ revêtu de la moitié de son manteau. Une voix lui ordonne de regarder attentivement le Seigneur qui se retourne vers les anges en leur disant d’une voie haute : « Martin, n’étant encore que catéchumène, m’a revêtu de ce manteau ». En revêtant le pauvre, le jeune soldat a pris soin du Christ. Il reconnaît alors la bonté de Dieu, qui le récompense de son action, et il reçoit le baptême. Toutefois, il doit demeurer encore deux ans attaché au service de l’armée.

 

Face à l’avancée des barbares présents en Gaule, Julien César appelle ses officiers pour leur remettre ses largesses en vue de futurs combats. Martin s’adresse ainsi à Julien : « Jusqu’ici, je vous ai servi, César ; permettez que je serve Dieu maintenant : que ceux qui doivent combattre acceptent vos dons ; moi, je suis soldat du Christ, il ne m’est plus permis de combattre. » Le futur empereur entre alors dans une colère telle qu’il l’accuse de craindre à la vue du combat du lendemain. Mais Martin lui propose de se présenter « sans armes devant l’armée ennemie, et au nom du Seigneur Jésus, armé du signe de la croix, et non du casque et du bouclier, je m’élancerai sans crainte au milieu des bataillons ennemis ». Martin est ainsi exposé devant le camp adverse. Alors, contre toute attente, les redoutables ennemis de l’empereur envoient des messagers pour demander la paix et offrent aux soldats romains tout leur avoir. Il n’existe aucun doute sur le fait que cette victoire sans effusion de sang est attribuée à la seule foi de Martin.

 

À l’expiration de son service, lors d’un songe, il reçoit l’ordre du Seigneur de visiter ses parents encore païens. Il fait face à de multiples adversités. Ainsi, au milieu des Alpes, Martin est attaqué par des voleurs : tandis que l’un d’eux lève sa hache pour le frapper, un autre retint son bras pour le sauver. Alors qu’il lui demande s’il a éprouvé de la peur, Martin répond qu’il est dans une profonde confiance, car il sait bien que la bonté du Christ se manifeste spécialement dans le danger. Il prêche si bien à ce voleur que ce dernier adhère entièrement à la foi chrétienne. Martin rencontre ensuite sur sa route le diable qui prend une apparence humaine en lui affirmant : « Partout où tu iras, tu rencontreras le diable pour te contrarier. » Cependant, Martin lui rétorque : « Le Seigneur est mon soutien, et je ne craindrai point ce que l’homme pourra me faire. » À l’instant même, le diable s’évanouit. Le jeune missionnaire convertit sa mère, mais son père demeure dans l’erreur.

 

À cette époque, l’hérésie aérienne est tellement répandue en Europe que Martin se retrouve bien seul pour la combattre. Fouetté puis pourchassé, il fuit vers Milan où il construit un monastère. Toutefois, il en est évincé et trouve asile sur l’île Gallinaria. Alors qu’il est empoisonné par une herbe et qu’il se sent réellement expirer, la force de sa foi écarte le danger et le ramène à la vie. Comme il découvre un catéchumène décédé sans baptême, Martin se prosterne sur son cadavre, prie et la personne ressuscite. Sans aucun doute, il rend aussi la vie à un autre homme qui avait mis fin à ses jours en se pendant, ainsi qu’à un enfant que sa mère pleurait.

 

À la suite de ces événements, Martin est choisi par les habitants de Tours pour devenir leur évêque. Il choisit de demeurer ermite en construisant le monastère de Marmoutier, où affluent les jeunes gens. Ce foyer fervent et ascétique est à l’origine de nombreuses vocations d’évêques de la Gaule primitive. Martin ne siège pas en chaire mais s’assoit sur un modeste trépied. Il guérit souvent les malades et chasse les démons. À la fin de sa vie, malgré les persécutions de ses pairs qui le considèrent comme « un homme à l’aspect minable, au vêtement crasseux et à la chevelure en bataille », il jouit d’une immense considération auprès de la population. Les gens disent que le Saint-Esprit fond littéralement sur les personnes qui écoutent ses paroles. Martin est vu alors comme un égal des apôtres et sa renommée se répand rapidement dans toute la Gaule.

 

Il fait partie des premiers saints canonisés par l’Église catholique qui ne connut pas le martyre sanglant mais acquit une solide variété de vertus héroïques. La basilique de Tours, qui reçut son tombeau, fut l’objet d’une ferveur populaire constante.

Diane Suteau, auteur du roman Les Conquérants de lumière.


Au-delà des raisons d'y croire :

Martin a cherché toute sa vie à tenir ses vertus cachées. Or, curieusement, il connut une immense renommée durant de nombreux siècles en Gaule, au point de recevoir encore au XXIe siècle le patronage de 230 communes, 3 700 paroisses et 12 cathédrales. Une commune sur sept porte le nom d’un saint, dont Martin de Tours est le vocable le plus répandu. Dans les patronymes français les plus courants, il y a trois fois plus de Martin que de Dubois ou de Durand. Il est donc probable que sa postérité vienne d’une action stupéfiante qui pousse les hommes à se mettre sous sa protection.


Aller plus loin :

  • Sulpice Sévère, Vie de saint Martin, Introduction, texte et traduction (tome 1), commentaire (tomes II et III) par Jacques Fontaine, coll. « Sources chrétiennes », Paris, Cerf, 1967-1969, vol. 133-135.

En savoir plus :

  • Sulpice Sévère, Gallus, Dialogue sur les vertus de saint Martin, Introduction, texte critique, traduction et notes par Jacques Fontaine, avec la collaboration de Nicole Dupré, coll. « Sources Chrétiennes », Paris, Cerf, 2006, vol. 510.
  • Olivier Guillot, Saint Martin, apôtre des pauvres, Fayard, 2008.
  • Détails de la vie de saint Martin sur le site de la Bibliothèque monastique.
  • Bruno Judic, Robert Beck, Christine Bousquet-Labouérie et Elisabeth Lorans (dir), Un Nouveau Martin. Essor et renouveaux de la figure de saint Martin IVe-XXIe siècle, collection « Perspectives historiques », Tours, Presses Universitaires François Rabelais, 2019.
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