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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les visionnaires
n°107

Italie

1885-1916

Sœur Benigna Consolata, la « petite secrétaire de l’amour miséricordieux »

Née dans une famille italienne très pieuse à la fin du XIXe siècle, Benigna éprouve rapidement le désir de devenir religieuse chez les Visitandines. De 1902 jusqu’à sa mort, Jésus parle régulièrement à Benigna, qui consigne ces communications dans des carnets. Les messages de Jésus forment un ensemble de 5 000 pages manuscrites, sans rayures. Deux dimensions sont notables dans la spiritualité de Benigna : l’imitation de Jésus-Christ et la dévotion au Sacré Cœur, vécue dans son ordre avec une intensité particulière. Brève et visiblement sans relief, la vie de sœur Benigna Consolata est en fait un dialogue constant avec Jésus. Elle décède dans son couvent, à Côme, le 1er septembre 1916, et l’Église entame son procès de béatification dès 1923. Peu après sa mort, une partie des messages est traduite en plusieurs langues, puis diffusée dans le monde entier.

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Les raisons d'y croire :

  • Les visions ont débuté cinq ans avant son admission au couvent des Visitandines : cette datation exclut la thèse d’un quelconque déséquilibre mental car, si tel avait été le cas, les moniales n’auraient pas pu la recevoir.
  • En 1916, Benigna est nommée à l’assistance de la maîtresse des novices, responsabilité qui témoigne de ses qualités humaines, d’une personnalité adaptée au réel, et de la confiance que lui accordent ses sœurs en religion.
  • L’acceptation des messages par les supérieures du couvent montre combien Benigna est crédible, et cela pèse en faveur de la réalité des communications qu’elle entretient avec le Christ. Du temps lui est spécifiquement octroyé afin qu’elle puisse se consacrer à cette tâche quotidiennement.
  • L’exactitude doctrinale de tous les messages et des pensées de Benigna est inexplicable au regard de la minceur de son bagage théologique : bien formée depuis l’enfance sur le plan catéchétique, elle n’a pourtant jamais suivi aucun cours de théologie dogmatique ni d’histoire de la spiritualité. 
  • Les messages recueillis illustrent et actualisent à merveille trois axes majeurs de la foi catholique : la communion des saints, la réversibilité des mérites et la spiritualité du Sacré Cœur.
  • Son humilité, son obéissance et l’exemplarité de sa vie religieuse ont un fondement christologique et ecclésial qu’elle explicite elle-même : vivre à l’image de Jésus, enfoui dans le quotidien de Nazareth.
  • Nombre d’experts ont donné un avis très favorable quant aux messages : le père Auguste Saudreau, spécialiste de théologie mystique, le dominicain Réginald Duriaux, professeur à l’université de Fribourg et le père Juan Gonzalez Arintero, professeur à l’Angelicum de Rome. 
  • Des théologiens insistent sur le degré de proximité et de cohérence entre l’œuvre de Benigna et celle de sainte Thérèse de Lisieux, sans pour autant que la première ait jamais lu les écrits de la « petite Thérèse ». Loin d’être isolée dans l’histoire de la spiritualité, Benigna fait aussi écho aux autres grands apôtres contemporains du Sacré Cœur : Josefa Menendez et sainte Faustine en particulier.

Synthèse :

Benigna Ferrero vient au monde dans une famille catholique, pieuse et pratiquante, de Turin (Italie, Piémont). Elle est la troisième des quatre filles que compte la famille. Sa mère, d’une foi inébranlable, membre d’une Conférence Saint-Vincent-de-Paul, consacre son temps libre à secourir les démunis et à faire le catéchisme aux petits. Elle transmet à ses quatre filles l’amour du Sacré Cœur de Jésus, dont Benigna va devenir l’un des grands apôtres contemporains.

La fillette fait preuve d’une grande piété. Depuis son plus jeune âge, elle est spirituellement accompagnée par le père Louis Boccardo, futur chanoine, qui voit chez elle l’appel du Seigneur. En effet, Benigna, à la surprise des siens, conçoit en 1903 le projet de devenir religieuse, mais pas n’importe où : dans un couvent de la Visitation, où elle se sent attirée. Elle a alors dix-huit ans. Grâce à l’accompagnement de ce prêtre pendant plusieurs années, elle frappe à la porte des Visitandines de Côme (Italie, Lombardie) le 30 décembre 1907, où elle prend peu après le nom de Benigna Consolata. Dix mois plus tard, elle prononce ses vœux temporaires.

Le père Boccardo a joué un rôle déterminant dans la formation chrétienne de la moniale, mais également dans sa vie mystique. C’est lui qui, le premier, lui demande de mettre par écrit les messages qu’elle reçoit de Jésus. Les premiers manuscrits autographes datent de 1902 et précèdent donc l’entrée de Benigna en religion ; cette datation prouve que les locutions de Jésus ne sont pas des « inventions » ou des hallucinations auditives d’une personne déséquilibrée que l’on aurait trop longtemps « enfermée » dans un couvent ; de surcroît, elle infirme tout court l’hypothèse de troubles psychiatriques chez Benigna car, si tel avait été le cas, la jeune femme n’aurait pas été admise dans une communauté religieuse, très prudente par tradition à l’égard de tout phénomène insolite. Enfin, si Benigna avait dissimulé ses communications célestes d’une manière ou d’une autre, on imagine mal pour quelle raison les supérieures du couvent de Côme lui auraient donné l’autorisation de s’y consacrer trente minutes par jour dès les premiers mois de son noviciat !

Benigna mène une vie religieuse parfaite, fondée sur le respect des règles de la Visitation, sur l’obéissance à ses supérieures et à ses confesseurs, sur une charité continuelle envers tous. Rien en elle ne la rend singulière des autres sœurs. Elle cherche simplement à donner sa vie pour le Seigneur, pour qu’à travers chaque acte banal de la vie quotidienne, la miséricorde divine puisse toucher le monde. « Les hommes sont mes frères, mes petits frères. Je suis bon envers tous. Je suis très bon envers les âmes qui ont confiance en moi », lui dit le Christ.

La mission de Benigna est l’expression de la volonté divine dont le message suivant, reçu de Jésus, en révèle la quintessence : « Les hommes font des efforts mais le seul remède pour guérir la société gravement malade, ils ne le trouveront que dans mon Cœur divin. Le monde court vers l’abîme, mais je le retiendrai dans sa descente vertigineuse grâce à une armée réduite d’âmes généreuses qui combattront sous mon drapeau. Je prépare l’œuvre de ma miséricorde. Je veux une nouvelle résurrection dans la société et je désire qu’elle soit œuvre de l’amour. »

Les notes manuscrites de Benigna contiennent des références, non à des personnalités contemporaines, mais à des saints de la Visitation, tous apôtres du Sacré Cœur : saint François de Sales, dont elle connaît bien l’œuvre, sainte Jeanne de Chantal et les révélations mystiques de sainte Marguerite-Marie Alacoque. La solidité doctrinale des messages et des pensées de celle qui est surnommée le « crayon du ciel » est inexplicable au regard de la minceur de son bagage théologique : bien formée depuis l’enfance sur le plan catéchétique, elle n’a jamais suivi aucun cours de théologie dogmatique ni d’histoire de la spiritualité.  En 1916, elle est nommée assistante de la maîtresse des novices, responsabilité qui témoigne de ses qualités humaines et de la confiance que lui accordent ses sœurs en religion.

Sa mort, comme sa vie, est marquée du sceau de la discrétion. Benigna perçoit la sainteté chrétienne, comme une « multitude de petits actes », perspective proche de celle de sainte Thérèse de Lisieux. Mais, étrangement, sa popularité naît dans les mois qui suivent ses funérailles. On découvre les messages reçus de Jésus, et plusieurs proches témoignent de la coloration évangélique de son existence. Dès 1918, une première biographie voit le jourà Côme sous le titre suivant : Breve vita della Serva di Dio Suor Benigna Consolata Ferrero della Visitazione di Santa Maria in Como. Tandis que les premiers messages de Jésus sont eux aussi édités, la biographie est traduite en espagnol en 1921, puis en anglais deux ans plus tard.

Cette année-là, le père Juan Gonzalez Arintero, théologien de renom, professeur dans plusieurs universités dont l’Angelicum de Rome, la cite à deux reprises dans son Evolución mistica. Le père dominicain Réginald Duriaux, professeur à l’université de Fribourg (Suisse), publie à Lyon en 1925 un livre intitulé L’Apôtre de la miséricorde divine. Sœur Benigna Consolata de la Visitation de Côme, 1885 – 1916, étude sur sa doctrine. Quelques mois plus tard, les messages sont traduits en polonais, ce qui laisse dire aux spécialistes que sœur Faustine a pu en prendre connaissance durant son noviciat à Cracovie (Pologne).

Désormais, les messages de Jésus vont faire le tour du monde : Allemagne, Angleterre, Australie, Chine, Espagne, France, Japon, Palestine, Pays-Bas… Les messages sont bientôt traduits en dix langues. Aucun évêque n’a émis la moindre réclamation, observation ou réserve.

Le père Saudreau considérait Benigna comme une continuatrice parmi les plus importantes de sainte Gertrude la Grande († 1301 ou 1302), dont les visions et révélations de Jésus avaient été déterminantes dans le développement de la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, mais aussi de sainte Marguerite-Marie Alacoque et de sainte Thérèse de Lisieux. Il écrit : « Ce qui est frappant, c’est la justesse des mots qu’elle a mis dans la bouche du Seigneur » (Lettre du 26 juin 1928 au chanoine Boccardo).         

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

L’enfouissement de la vie de Benigna montre qu’elle est, par la prière, au cœur du monde, afin que ce dernier puisse « se régénérer » dans le Cœur de Jésus. Elle mène une existence cachée parce que Jésus le lui a demandé : « Je veux que tu sois dans le monastère ce que le parfum est dans les fleurs, celui-là qui se perçoit même s’il est caché. »


Aller plus loin :

Sister Benigna Consolata Ferrero, a Professed Choir Nun of the Order of the Visitation, B.V.M. Como, Italy, Forgotten Books, Classic Reprints, 2016.


En savoir plus :

  • Federico M. Requena, « La miséricorde divine dans la spiritualité chrétienne d’entre-deux-guerres : Trois "messages" dans la voie de sainte Thérèse de Lisieux : Bénigne Consolata, Marie-Thérèse Desandais et sainte Faustine Kowalska », Scripta theologica, 35/2 (2003), 547-572.
  • Chanoine Boccardo, Sœur Benigna-Consolata, religieuse de la Visitation Sainte-Marie, 1885 – 1916, (1re éd. Lyon, 1929), Imprimerie J.-B. Roudil, et Œuvre de Propagande du Sacré-Coeur, 1929, 2 t.
  • R. Duriaux, « El apóstol de la divina misercordia : Sor Benigna Consolata », La Vida Sobrenatural, 11 (1926).
  • Sur le site Prophéties pour notre temps, l’article : « Sœur Benigna Consolata Ferrero (1885 – 1916) : "Je veux renouveler la société." »
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