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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°212

Russie

1759 – 1833

Lorsque le moine Seraphim contemple le Saint-Esprit

Saint le plus invoqué du monde orthodoxe, Seraphim est connu pour la splendeur de ses Entretien avec Motovilov et instructions spirituelles, accordés à deux amis. Le jeune homme commence sa vie monastique à Sarov, est ordonné prêtre en 1793, puis se retire à trente-cinq ans dans la solitude d’une vaste forêt, où une vie fervente de prière le maintient dans une intercession permanente pour le monde. Il aime à répéter cette prière : « Seigneur Jésus-Christ, par l’intercession de ta Sainte Mère, aie pitié de moi, pécheur. » Après une agression par des bandits, il retourne vivre reclus en silence dans son monastère. Alors qu’il est devenu âgé, une foule se presse auprès de lui pour goûter sa sagesse. Le 2 janvier 1833, les moines le retrouvent inanimé, le corps prosterné devant l’icône de celle qu’il nommait « joie de toutes les joies ! »

© Shutterstock/Dance60
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Les raisons d'y croire :

  • La ferveur de sa prière est telle que Seraphim est régulièrement ravi en extases, au cours desquelles il contemple la splendeur de Dieu. Les témoins racontent de manière unanime certaines scènes étonnantes. Une fois, alors que les moines quittent le chœur lors de la célébration du Jeudi saint, le père Seraphim reste cloué sur place, immobile durant trois heures. Puis, revenu à lui, il répond à ses interrogateurs : « Je vis notre Seigneur et Dieu, Jésus-Christ, ayant l’aspect du Fils de l’Homme dans sa gloire, entouré par les armées célestes. »

  • Lorsqu’une personne avait une épreuve particulièrement difficile à porter, l’humble moine pouvait la distinguer parmi les autres importuns qui se pressaient à sa porte, et lui disait : « Je sais, je sais. » Trop de personnes ont témoigné de son étonnante connaissance de détails de leur vie pour ne pas ajouter foi à ces dires : avant même qu’on lui fasse savoir leur identité et la cause de leur venue, Seraphim apportait directement la réponse exacte à leur question ou leur difficulté. La pureté de son âme lui faisait recevoir clairement des motions divines pour le salut des âmes pécheresses.

  • De nombreux malades recevaient la guérison de leurs maladies grâce à son intercession. Les deux guérisons qui étonnèrent le plus furent celles de Mikhaïl Mantourov et de Nikolaï Motovilov. Avec ce dernier, Seraphim eut un long entretien. Conservé, cet échange admirable est devenu un guide sûr pour aider les âmes à trouver une voie étroite d’union à Dieu.
  • Les interventions de la Vierge sont habituelles dans la vie de Seraphim. Pour preuve, plusieurs observateurs dignes de confiance ont écrit des récits similaires, dans lesquels la Vierge est entrevue auprès de son protégé Seraphim. Par exemple, le zèle ascétique du fidèle moine est tel qu’il tombe gravement malade (souffrant d’hydropisie, il est en proie à des douleurs intenses durant trois années), et le père abbé ne quitte pas son chevet. Ce dernier témoigne que la Vierge descend un jour dans la cellule de Seraphim, accompagnée des saints apôtres Pierre et Jean. La Reine des Cieux prononce vers eux ces paroles étranges : « Il est de notre race. » Tenant son sceptre de sa main gauche, elle pose sa main droite sur le front du malade, et le sceptre vient toucher la hanche droite de Seraphim, creusant même un enfoncement duquel l’eau s’écoule. À l’étonnement du père abbé, l’humble serviteur de Dieu, soudainement guéri, garde une profonde cicatrice qui témoigne, de nombreuses années plus tard, du miracle réellement accompli.

  • Animé d’un profond amour pour son peuple, Seraphim annonce plusieurs dizaines d’années à l’avance les innombrables morts de la révolution russe, de la Grande Terreur et du stalinisme : « La vie sera courte, alors, les anges auront à peine le temps de ramasser les âmes. »

  • Après son retour à Dieu, Seraphim est massivement invoqué par les Russes. Sur le lieu de sa sépulture, les innombrables conversions et guérisons attestent de la puissance que Dieu lui accorde pour soulager la profonde souffrance de ce peuple meurtri dans sa foi.

Synthèse :

Prénommé Prokhore, le fils d’Isidore Mochnine est né le 19 juillet 1759. Son père est briquetier (entrepreneur en bâtiment) à Koursk, où il vit, à cinq cents kilomètres au sud de Moscou. Durant sa jeunesse, plusieurs événements montrent une attention spéciale de la providence à son égard. À sept ans, alors qu’il se rend à l’église avec sa mère, Agathe, il tombe du haut de cette église. Mais, curieusement, Prokhore se relève indemne. À l’âge de dix ans, alors qu’une maladie est en train de l’emporter, il raconte à sa mère que la Vierge lui apparaît en personne pour lui annoncer qu’il guérira. Lors d’une procession de l’icône de Notre-Dame de Koursk, un violent orage empêche les célébrants de poursuivre la cérémonie. Ils trouvent refuge dans la cour de la maison de Prokhore, où sa mère descend le malade, qui est miraculeusement guéri à l’instant. Un jour, sa mère entend un passant lui dire : « Heureuse es-tu d’avoir un fils qui sera un puissant intercesseur devant la Sainte Trinité, un homme de prière pour le monde entier»

Avec quelques amis, il répond à un appel intérieur pour partir en pèlerinage à Kiev afin d’y prier auprès des reliques de saints. Âgé de dix-huit ans, il désire demander conseil au starets Dosithée pour l’éclairer sur le lieu où il pourra se donner entièrement à Dieu. Ce maître spirituel oriente le jeune Prokhore vers l’ermitage de Sarov. Il choisit de renoncer à son héritage familial, accorde aux pauvres des dons généreux, et décide de quitter sa ville natale. Saisi par l’amour du Christ, il n’emporte qu’un modeste sac, un bâton et son seul trésor : une croix de cuivre sur laquelle est figuré le Seigneur crucifié. Il part, bouleversé de quitter sa mère, qui lui a accordé cette croix et sa bénédiction. Il sait qu’il ne la reverra jamais, et il gardera précieusement cette croix toute sa vie sur lui. 

Avec ses amis, il marche durant six cents kilomètres vers la forêt du monastère de Sarov, où il est admis. Frappé par la clarté de son regard, l’abbé le prend en affection. Devenu Seraphim, c’est-à-dire « le flambeau », il remplit avec entrain et allégresse les tâches de servant du père économe, comme du boulanger, menuisier ou sacristain, et jeûne assidûment pour vaincre les élans de son corps. Doué pour la menuiserie qui lui rappelle le travail du Christ, il façonne des croix en bois que les pèlerins achètent volontiers. Doué d’une force physique peu commune, il aide les moines à la coupe et au flottage des sapins. Seraphim est persuadé que le travail physique et la fréquentation des Écritures saintes conservent spécialement la pureté. Son esprit est tourné vers le souvenir de Dieu à travers les prières du Notre Père et du Saint Nom de Jésus, qu’il médite constamment. Aimant chanter, sensible à la beauté, il éprouve de l’aversion pour la tristesse et le désespoir. Il soutient ses frères par sa bonne humeur. Mais, durant trois ans, il souffre d’une maladie, sans toutefois qu’aucune plainte ne soit entendue de ses frères. Il s’abandonne « au seul vrai médecin du corps et de l’âme, notre Seigneur Jésus-Christ, et à sa sainte Mère », assure-t-il.

Après une apparition de la Mère de Dieu, il est à nouveau entièrement guéri. Il entend alors la Vierge dire : « Celui-ci est de notre race. » Une fois remis, Seraphim est envoyé pour quêter en vue de la future église de son monastère. Puis, il est ordonné prêtre. Attiré par une vie de plus en plus contemplative, il obtient l’autorisation de se retirer à quelques kilomètres dans la solitude d’une forêt dans laquelle peu de personnes n’osent s’aventurer. Là, Seraphim construit une modeste maison en bois qu’il entoure d’un petit jardin sur une colline : il la nomme la « sainte montagne ». Rentrant au monastère les dimanches et les jours de fête, il demeure dans la solitude durant la semaine, s’adonnant à la prière, la lecture et les tâches manuelles. Il trouve dans ces activités une plus grande proximité avec Dieu. Vivant très pauvrement, il supporte patiemment les rigueurs de l’hiver russe et les assauts d’insectes durant l’été, en unissant son âme aux souffrances du Christ. Il aime tant l’Évangile qu’il le porte continuellement attaché sur son dos en souvenir du fardeau que le Seigneur a porté. Saisi par les récits des Évangiles, Seraphim attribue des noms de lieux saints aux différents endroits de la forêt dans lesquels il se rend pour y réciter des passages de la vie du Christ : Bethléem, le Jourdain, le Thabor, le Golgotha. Chaque jour, il vit ainsi intensément un concentré de la vie de notre Seigneur Jésus-Christ. En plus de la récitation quotidienne des offices divins et de ses nombreuses prosternations, il prie sans cesse, en unissant son intelligence à son cœur. Pour se nourrir, Seraphim reçoit du pain de son monastère et cultive des produits de son jardin. Mais il lui arrive régulièrement de se priver de nourriture pour la distribuer aux animaux qui se pressent auprès de lui. Il obtient même la docilité d’un ours, qu’il apprivoise.

Mais, en septembre 1804, sa vie solitaire est interrompue par trois voleurs du village voisin qui font irruption dans son ermitage. Comme ils ne trouvent rien, ils le frappent violemment en le laissant à demi mort, avec une fracture du crâne et plusieurs côtes cassées. Le « misérable Seraphim », comme il se nommait, est retrouvé par les moines de Sarov, qui prennent soin de lui. Les voleurs sont arrêtés, mais Seraphim s’oppose fermement à ce qu’ils soient châtiés. Il va même jusqu’à demander aux autorités d’accorder la grâce du pardon à ses bourreaux, sous peine de devoir abandonner son monastère si un mal quelconque leur est fait. Seraphim vit dans une profonde douleur d’être un grand pécheur. Il lutte de toute son âme contre les puissances du mal qui se déchaînent en lui, au point d’élever les mains au Ciel debout sur un rocher, en priant ainsi durant d’innombrables nuits : « Seigneur, aie pitié de moi, pécheur » (Luc 18,13). Cependant, son abbé ne lui accorde plus la permission de vivre dans son ermitage. Seraphim obéit docilement en revenant au monastère de Sarov. Là, il commence à recevoir quelques visites. Toutefois, à partir de 1822, alors qu’il est âgé de soixante-trois ans, sa renommée commence à se répandre dans la région, au point qu’il est assailli de visiteurs. Attirés par sa sagesse et son don surnaturel de connaissance des âmes, des gens de toutes conditions viennent l’écouter et trouver des réponses à leurs questions. Mais qu’aperçoivent-ils ? Un vieux moine « tout blanc, tout ratatiné, tout sec, aux yeux bleus » et au sourire « incompréhensiblement radieux ».

Recevant chaque visiteur par les mots « Bonjour, ma joie », Seraphim vit intensément de cette profonde vérité de foi : « Le Christ est ressuscité ! », comme il aime à répéter. Cependant, ses dons surnaturels et ses conseils ne sont pas les seules raisons de sa popularité. De nombreux malades sont guéris de leurs maladies grâce à son intercession. Les deux guérisons qui étonnèrent le plus furent celles de Mikhaïl Mantourov et de Nikolaï Motovilov. Avec ce dernier, Seraphim eut un long entretien. Conservé, cet échange admirable est devenu un guide sûr pour aider les âmes à trouver une voie étroite d’union à Dieu.

Durant la nuit du 1er au 2 janvier 1833, les moines entendent chanter, dans la cellule de Seraphim, une longue antienne de la Résurrection. Ce sont ses dernières paroles. Retrouvé au petit matin dans sa cellule, son corps demeure prosterné devant une icône de la Vierge. Par la suite, le peuple russe accourt à son monastère demander encore son intercession. Comme Seraphim a promis de prier pour son peuple, il tint parole devant le trône de Dieu en obtenant de lui des grâces innombrables de conversion et de guérison.

Diane Suteau, auteur du roman Les Conquérants de lumière.


Aller plus loin :

Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, sa vie et Entretien avec Motovilov et instructions spirituelles, spiritualité orientale, n° 11, Éditions du Cerf, Abbaye de Bellefontaine, 2004.


En savoir plus :

  • Irina Goraïnoff et Serafim Saravski (auteurs), Nikolaï Aleksandrovitch Motovilov (interviewer), Séraphim de Sarov, sa vie, Éditions du Cerf, Abbaye de Bellefontaine, juillet 2019.
  • Louis-Albert Lassus, Le Staretz Séraphim de Sarov : joie et lumière, Paris, François-Xavier de Guibert(O.E.I.L.), 1992, 123 pages.
  • Père Léonide Tchichagov, Chroniques du monastère de Séraphimo-Divéyevo, traduit du russe sous la direction du monastère Notre-Dame de Toute-Protection, Éditions du Désert, 2016.
  • Leonid Denisov, La Vie de notre Père, semblable au Christ, Séraphim de Sarov, Édition A. D. Stoupine, Moscou, 1905 (texte russe non traduit en français).
  • N. Levitsky., La Vie, les exploits, les miracles, et la canonisation de notre père Théodore Séraphim de Sarov(texte russe non traduit en français), Moscou, Édition du monastère russe de Saint-Pantéleimon du mont Athos, 1905.
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