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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Témoignages de rencontres avec le Christ
n°150

Hôpital de Tréguier (France, Côtes-d’Armor)

14 août 1971

Voyage entre paradis et enfer, une « expérience de mort imminente »

En 1971, Anne-Marie Le Goff, enceinte, déjà mère de cinq enfants, manque de périr au volant de sa voiture dans un terrible orage. Une grave hémorragie la conduit à l’hôpital de Tréguier, où elle est déclarée morte. Anne-Marie vit alors une « expérience de mort imminente » (EMI) d’une richesse incomparable, durant laquelle elle voit Jésus en croix et rencontre la Vierge Marie. A l’issue de cette expérience, son existence est bouleversée. Elle en fait le récit dans le livre D’un monde à l’autre (2008).

© Unsplash/ Natalie Grainger
© Unsplash/ Natalie Grainger

Les raisons d'y croire :

  • Très équilibrée sur le plan psychologique, Anne-Marie Le Goff n’a jamais subi aucun passage délirant ni aucune crise hallucinatoire. Avant l’EMI, loin d’être retranchée de la société, elle mène une vie professionnelle, familiale et sociale dense.
  • L’expérience d’Anne-Marie n’est pas un songe : les scènes successives s’enchaînent non de manière décousue, anarchique, mais selon un lien de causalité. De surcroît, elles obéissent aux lois de l’optique (la dimension des êtres et des objets croît à mesure qu’elle s’en rapproche, et inversement), ce qui est totalement différent du travail psychique lors du rêve.
  • Ce n’est pas davantage une hallucination : déclaré « mort » avant le début de l’expérience, le cerveau d’Anne-Marie n’a pas pu produire de quelconque « perception sans objet » (définition de l’hallucination) puisque, précisément, la mort se reconnaît à l’interruption de l’activité cérébrale.
  • L’EMI permet une intuition prophétique : pendant son « voyage », Anne-Marie perçoit le son d’une harpe et pense que c’est sa fille, Elisabeth, qui joue de cet instrument. Or, alors qu’elle n’a encore jamais relaté son aventure à ses enfants, quatre ans plus tard, Elisabeth décide justement d’apprendre la harpe.
  • Bien que cliniquement « morte » et allongée sur la table d’opération, elle a des perceptions sensorielles et psychologiques inexplicables : outre les visions en « plongée » de son propre corps, et des gens qui l’entourent – avec quantité de détails précis –, elle ressent les affects des médecins, infirmières et religieuses.
  • Anne-Marie recouvre la santé dans un laps de temps anormalement bref au regard des connaissances de la médecine, soit quelques minutes seulement après être sorti de la salle d’opération, où elle a été déclarée « morte ».
  • Les descriptions et les paroles rapportées par Anne-Marie, aussitôt après son « retour », sont vierges de toute erreur théologique, et éclairent à leur manière des points essentiels de l’enseignement de l’Église catholique : incarnation, communion des saints, place de Marie dans l’économie du salut...
  • C’est un 15 août qu’Anne-Marie est définitivement tirée d’affaire – jour de l’Assomption : une coïncidence qui peut être soulignée, étant donné la place importante de la Vierge Marie durant l’EMI vécue par Anne-Marie.
  • Les fruits de l’EMI sont variés, nombreux et sortent du commun : de simple catholique, Anne-Marie prend la tête d’un groupe de prière fervent et fécond, reconnu et soutenu par le clergé ; de lectrice moyenne, elle devient poétesse et auteur de chansons (elle enregistre un disque en 1981) ; d’éducatrice enseignante, elle se fait missionnaire parmi les enfants malentendants, etc.
  • Même en attribuant une origine naturelle et médicale à l’expérience d’Anne-Marie – ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent, puisqu’elle avait préalablementété déclarée morte par les médecins –, il n’existe aucune explication rationnelle rendant compte de sa conversion spirituelle et artistique après son retour à la vie.

Synthèse :

Un soir de juillet 1971, Anne-Marie Le Goff, animatrice enseignante, mère de famille, enceinte d’un sixième enfant, circule sur la route menant de Rennes (France, Ille-et-Vilaine), où elle vit avec son mari Yves et leurs cinq enfants, à Plougrescant (France, Côtes-d’Armor), où le couple possède une maison de vacances. Yves la suit dans une camionnette où ont pris place deux des enfants, les valises et le matériel nécessaire pour les quatre semaines de congé.

Parvenu près de Paimpol (France, Côtes-d’Armor), un orage d’une violence terrible éclate. Des grêlons « gros comme des œufs de pigeon » s’écrasent sur le sol détrempé devenu glissant. Anne-Marie ne voit pas à vingt mètres devant elle. Elle ne maîtrise plus son automobile. Derrière, son mari est aussi paniqué. Soudain, le véhicule d’Anne-Marie fait une embardée pour éviter un obstacle : les passagers ressentent le choc. La future maman ressent une douleur en elle. Yves, venu à la rescousse, lui dit de ne pas perdre espoir et qu’il faut repartir coûte que coûte, car sinon la voiture risque d’être submergée. Ils arrivent dans leur maison au milieu de la nuit. Il leur a fallu plus de quatre heures pour parcourir moins de deux cents kilomètres.

La nuit suivante, Anne-Marie est victime d’une petite hémorragie qui, dans sa situation, l’inquiète. Après avoir déchargé le matériel, Yves est retourné à Rennes où son travail l’attend. Son épouse sait qu’elle restera trois semaines ainsi. Elle appelle un médecin : celui-ci lui garantit que tout va bien et que son futur bébé se porte à merveille.

Le 14 août suivant, en fin d’après-midi, Anne-Marie fait un malaise. Une hémorragie d’une extrême gravité survient. Elle a à peine la force d’appeler ses enfants à l’aide. Ceux-ci réussissent à téléphoner à un médecin, dont la première mesure est de faire hospitaliser la jeune femme de toute urgence à l’hôpital de Tréguier (France, Côtes-d’Armor).

Prévenu aussitôt, son mari se précipite, mais c’est déjà trop tard. Anne-Marie, allongée sur la table d’opération, vient d’être déclarée « morte » par le médecin anesthésiste. Commence à cet instant pour elle une incroyable expérience dont voici les principales étapes : 

Anne-Marie passe en revue sa vie entière. C’est un phénomène parfaitement identifié dans le cadre des EMI. Ce n’est pas seulement la perception des actes majeurs de son existence mais de la totalité des faits, matériels et moraux, qui ont jalonné son existence depuis sa naissance jusqu’en 1971 : chacun d’eux est comme « jugé », non par une justice humaine, mais dans un amour invraisemblable.

Tandis que la grande majorité des EMI consiste en une forme d’élévation spirituelle, à travers un « tunnel de lumière », débute alors pour Anne-Marie une phase très sombre. Prise d’un « vertige épouvantable », elle est littéralement aspirée par le bas, jusque dans un lieu terrible, où règne un « froid glacial », « minéral », où toute vie a disparu. En même temps – c’est là un détail important pour l’authenticité du phénomène –, elle éprouve des douleurs morales grandissantes au fur et à mesure de sa chute dans le « gouffre ». Croyante et pratiquante, elle se met à douter de sa foi de manière « intolérable », il lui semble que rien n’existe au-delà de la vie terrestre. C’est une forme de déréliction, une « nuit spirituelle » connue des mystiques chrétiens depuis toujours. Plongée dans une pénombre terrifiante, elle a l’impression de grelotter et, surtout, que cet état va durer éternellement.

Subitement, l’obscurité laisse entrer une petite lumière blafarde, comme les rayons de la lune à travers un épais brouillard. Elle lève son regard et, là, à quelques dizaines de mètres, selon elle, Anne-Marie voit le Christ en Croix. Le choc est indescriptible. Au pied de la Croix, elle remarque un homme jeune et une femme qu’elle ne parvient pas à reconnaître. Près d’eux se tient une autre femme dont elle ignore également l’identité.

Soudain, elle entend ce message en elle, « comme si on me le soufflait », dira-t-elle : « Dieu a pris cette vie humaine qui est la tienne pour faire un pont entre lui et les hommes. Il a pris cette vie humaine en son Fils Jésus. […] Jésus a pris corps dans le corps d’une femme, une femme qui n’avait rien de divin, elle, toute humaine. » Jésus, en Croix, dit alors : « Mère voici ta fille, Anne-Marie, voici ta mère ! » À cet instant, celle qui, aux yeux de la médecine, venait de perdre la vie comprend que la deuxième femme inconnue au pied de la croix, à côté de Marie et Jean, c’est elle-même.

La troisième phase débute par l’éclaircissement de la ténèbre. Anne-Marie ignore comment elle se déplace : avec son corps (mais lequel, puisqu’elle est morte ?), ou mentalement ? « Je savais que j’étais comme sur un chariot », précise-t-elle avec ses mots. Elle a maintenant l’impression de « monter », de s’élever verticalement, physiquement. Comme lors de la descente dans le gouffre, pendant laquelle elle avait ressenti de vives souffrances intérieures, elle sent à présent une paix indéfinissable envahir son être, et le froid disparaître à mesure qu’elle s’élève : « l’angoisse me quitte petit à petit ». C’est l’équivalent de la traversée du tunnel lumineux dont témoignent les personnes expérimentant une EMI.

Elle parvient jusqu’à une sorte « de porte en demi-cintre, assez étroite », au-delà de laquelle un « rideau impalpable cache un espace couleur de feu et d’arc-en-ciel ». À cet instant, elle se sent parfaitement bien, pénétrée par une douce chaleur matérielle mais aussi spirituelle. Un instant plus tard, émerge du rideau une sorte de brouillard dans lequel prend forme doucement une silhouette qui laisse transparaître la lumière, comme « un négatif de photo ». Elle précise un détail qui démolit l’hypothèse d’une hallucination ou d’une activité onirique : « Plus j’avançais, plus elle s’approchait, et plus je distinguais ses contours : une petite femme ». Une telle constatation des lois de l’optique – involontaire chez Anne-Marie – ruine l’idée d’une cause cérébrale de l’EMI : hallucinations et songes tordent, transforment, modifient le réel, ôtant toute logique entre les phénomènes perçus et confondant, pour la plupart d’entre eux, les causes et les effets.

Anne-Marie demande à l’inconnue de lui révéler son nom. C’est Marie, la Mère du Seigneur. L’apparition lui dit : « Regarde ! Écoute ! Tu raconteras, tu transmettras. » À cet instant, elle se sent projetée dans la lumière, au-delà de la porte qui avait interrompu sa progression. La « béatitude » qui l’envahit n’a rien de comparable ici-bas. Elle entend au loin, puis de plus en plus distinctement, une musique « merveilleuse ». C’est un orchestre et des chœurs invisibles mais, au milieu d’eux, elle croit reconnaître sa fille Elisabeth, âgée de sept ans, qui joue de la harpe. Or, à cette époque, l’enfant ne joue d’aucun instrument. Anne-Marie ignore pour quelle raison elle croit avoir identifié sa fille. Quoi qu’il en soit, sa surprise est de taille lorsque, quatre ans plus tard, Elisabeth lui dit qu’elle allait étudier la harpe. Aucun signe n’annonçait ce choix. Anne-Marie n’a jamais raconté son aventure à ses enfants avant qu’ils ne soient devenus des adultes.

Autre détail frappant : Anne-Marie reconnaît sans erreur possible la voix de sa mère parmi les chœurs célestes. Cette personne est alors en vie. Mais elle est décédée quelque temps plus tard.

Quatrième moment : elle entre dans « une sorte d’immense soleil » dont elle ne peut fixer le centre. Peu à peu se détache une « grande silhouette, gigantesque, noire, parce que trop lumineuse et rayonnante », d’où il jaillit « tout plein de ces rayons ardents ». Elle veut toucher ce personnage, pensant à l’hémorroïsse de l’Évangile, sauvé en touchant le manteau de Jésus... La Vierge Marie luit dit : « Non ! Pas maintenant. Le temps n’est pas venu. »

Elle se retrouve en un éclair de l’autre côté de la porte. Cette fois, Marie n’est plus une silhouette, mais une jeune femme d’une beauté indescriptible, avec de « grands yeux en amande, brun sombre », et ses cheveux « bien visibles ». C’est surtout la « profondeur du regard qui me pénétrait avec infiniment d’amour. » « Tu vas retourner et tu vas commencer ! », lui dit-elle, en lui promettant de veiller sur elle. À ces mots, Anne-Marie s’aperçoit que ses pieds reposent sur « une espèce de nuage suspendu dans le vide » et que, très loin, elle aperçoit la table d’opération et son propre corps allongé dessus. « Je voyais dessus un corps allongé, des religieuses et des infirmières tout autour qui se pressaient et qui parlaient au corps en question... » Elle ajoute un ressenti inimaginable : elle ressent alors les sentiments et les affects de ces gens essayant de la sauver : « Je sentais leur angoisse, leur fébrilité... » Elle remarque une des sœurs penchées sur elle. La seconde d’après, elle est rentrée dans son corps de chair : « Et hop ! Comme si je fermais les yeux, et que je les rouvrais ! Et j’ai aperçu dans mon regard les deux yeux de la religieuse qui était penchée sur moi... Je l’entendais dire, comme dans un brouillard : "Elle est là ! Elle est revenue !" »

Anne-Marie constate que ses membres sont à nouveau source de douleur. En apercevant la poche de sang reliée à son bras, les appareils médicaux et le masque à oxygène qu’on lui tend, il lui revient en mémoire les instants de félicité qu’elle vient de vivre. Sur le plan psychologique, cette expérience a été le catalyseur d’une conversion profonde et durable. Au-delà de la tristesse causée par la perte de son bébé, Anne-Marie a retrouvé une joie de vivre incroyable. Elle a multiplié les temps de prière, de lecture biblique, de méditation, tandis que l’amour qu’elle porte à tous n’a cessé de grandir. Son détachement des choses matérielles impressionne tous ceux qui la connaissent.

Plus invraisemblable encore : ses dons naturels et ses qualités humaines ont éclos dans une proportion fantastique. Elle est devenue poétesse, auteur de chansons destinées aux enfants handicapés, assure des sessions de formation musicale et catéchétique. Elle a enregistré un disque en 1981, avec les petits chanteurs d’Aubervilliers et le soutien du père Francis Méhaignerie, curé de la paroisse Saint-Augustin de Rennes. Mgr Paul Gouyon, archevêque de Rennes, à qui Anne-Marie avait envoyé les paroles de ses chansons, lui adressa en retour une lettre de félicitations datée du 22 avril 1981.

Elle a surtout fondé un groupe de prière baptisé Aïn Kariem, destiné à propager « la foi, la joie et l’espérance folle » en priant Dieu pour les couples sans enfants et pour les mères séparées de leurs nourrissons. En 2000, Anne-Marie a retrouvé mère Cécile, religieuse infirmière augustine, qui l’avait entourée de son affection dans la salle d’opération en 1971. Lors d’une conversation téléphonique, cette sœur, à présent très âgée, proche jadis de mère Yvonne-Aimée de Malestroit dont le procès de béatification a commencé, lui expliqua qu’elle devait la vie à l’intercession de leur fondatrice, à qui toutes les religieuses présentes avaient demandé d’intervenir auprès de Dieu.

Patrick Sblachiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Les expériences de mort imminente (EMI) de personnes considérées comme cliniquement mortes, qui reviennent in extremis à la vie, se multiplient actuellement partout, dans toutes les cultures et sur tous les continents, les moyens de réanimation étant aujourd’hui bien plus performants. S’y intéresser permet de mettre en évidence que les éléments rapportés sont en parfaite conformité avec la doctrine chrétienne sur les fins dernières.


Aller plus loin :

Anne-Marie Le Goff, D’un monde à l’autre, Paris, F.-X. de Guibert, 2008.


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