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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Bilocations
n°99

Calabre (Italie)

1924 - 2009

Les âmes du purgatoire se manifestent à « Mamma Natuzza »

Très aimée en Italie, Natuzza Evolo est une mère de famille de Calabre dont la jeunesse a été marquée par une grande pauvreté. Elle est surnommée « Madre Pia » en référence à Padre Pio, car elle a vécu des expériences mystiques similaires (bilocations, visions, stigmates, attaques du diable). Des défunts sont également apparus à Natuzza pour qu’elle transmette des avertissements. Sa vie mystique est d’une intensité exceptionnelle. 30 000 personnes, venant d’Italie et d’ailleurs, assistent à ses funérailles en 2009, dont 5 évêques et près de 1 000 prêtres.

Natuzza Evolo dans les années 1950. / © CC0/wikimedia
Natuzza Evolo dans les années 1950. / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Plusieurs des phénomènes de bilocations de Natuzza Evolo ont pu être attestés. À titre d’exemple, sa première bilocation est une visite chez son père, parti en Argentine avant sa naissance. Natuzza a onze ans et elle décrit parfaitement l’appartement de son père, sans n’y être jamais allée auparavant. Son père envoie à sa famille une lettre déconcertée, confirmant avoir rencontré sa fille chez lui ; il pensait alors qu’elle était peut-être décédée.
  • Natuzza n’a vraiment aucun penchant pour l’occultisme : ses « communications » avec les défunts ne font pas d’elle un médium, mais elles incarnent et illustrent pleinement la communion des saints enseignée par l’Église catholique. Natuzza est très crédible, car les messages qu’elle fait passer, et les morts avec qui elle communique, sont reconnus par les vivants concernés, la voix du disparu prenant parfois la place de la voix de Natuzza.
  • Natuzza n’a pas pu être scolarisée, elle ne saura jamais ni lire ni écrire et ne parle que le dialecte calabrais. Elle fait pourtant montre d’une incroyable maîtrise théologique, et transmet parfois des messages en langues étrangères.
  • Lorsqu’elle suinte de sang et qu’elle s’essuie sur un mouchoir, les traces ensanglantées prennent forme pour y laisser des messages ou des dessins spirituels (par exemple des psaumes dans différentes langues). Ces phénomènes ont été vus par des centaines de personnes : « Je vis alors que le sang se déplaçait, s’agitait comme du mercure […]. Je vis que se formait une hostie avec les lettres IHS et ensuite tout un ostensoir. Je restai abasourdi… »
  • Bien qu’elle soit gratifiée de tant de phénomènes extraordinaires et que sa popularité en Italie l’expose aux regards, Natuzza demeure humble. Elle sait que les faits mystiques qu’elle vit sont périphériques et accessoires dans la vie chrétienne.
  • Tous les phénomènes inexplicables liés à Natuzza se rapportent systématiquement à Jésus, à l’Évangile ou à la révélation biblique. Il faut y voir un signe manifeste de la présence du Christ tout au long de cette vie enfouie. De fait, l’existence de Natuzza est tournée vers Dieu, qu’elle rencontre en chacune des personnes qu’elle croise au cours de sa vie.
  • Natuzza, malgré sa popularité et son grand dénuement matériel, n’a jamais accepté le moindre argent ni cadeau, ce qui témoigne du désintéressement de ses actions.
  • L’évêque de son diocèse, Mgr Domenico Tarcisio Cortese, a exprimé en public et à plusieurs reprises son opinion positive quant à Natuzza : « Elle est patiente, de grande foi, obéit à l’Église et ne s’est jamais laissée tenter par l’argent, qui pouvait la rendre millionnaire, avec les foules qui recouraient à elle. [...] Je crois que la plupart des personnes sortent de sa maison avec une sérénité d’esprit qu’il est rare de trouver chez les directeurs d’âmes, elle est donc une personne à respecter beaucoup. »

Synthèse :

Fortunata Evolo, dont le diminutif sera Natuzza, vient au monde le 23 août 1924 à Paravati, en Calabre (Italie). À cette date, son père a déjà émigré en Argentine, comme des milliers d’Italiens de l’époque, fuyant la pauvreté et le chômage endémique. Pour subvenir, dans la mesure du possible, aux besoins de sa famille, sa mère, qui se prostituait, continue à le faire occasionnellement après sa naissance.

Natuzza est l’aînée et c’est elle qui a la charge de surveiller les plus jeunes de la fratrie. En 1932, elle a sa première expérience visionnaire. Une nuit, elle voit en songe un personnage vêtu comme un clerc, qu’elle ne reconnaîtra que des années plus tard en consultant des images pieuses : saint François de Paul. Mais elle ignore alors l’identité de cette apparition qui reste gravée au fond de sa mémoire. Malheureuse, elle demande intérieurement à sa vision de sortir du milieu dans lequel elle vit. Elle entend alors ces mots : « Dans trois jours, tu seras exaucée ! » Effectivement, trois jours plus tard, elle est placée comme domestique chez un avocat, Silvio Colloca ; elle n’a alors que huit ans, et n’a été scolarisée que quelques mois.

Vers l’âge de onze ans, elle fait une première expérience de bilocation. Selon son témoignage, elle se retrouve en un éclair dans la maison de son père, en Argentine. Elle apparaît devant lui, et il lui demande si elle est morte ; elle lui répond qu’elle ne sait pas comment elle est arrivée là. Les détails nombreux et exacts qu’elle donne à son entourage sur l’ameublement, la décoration, l’agencement et la taille des pièces prouvent l’authenticité du phénomène. On croit d’abord qu’elle a tout inventé, mais peu après arrive une lettre du père de Natuzza, dans laquelle il raconte avoir vu sa fille près de lui. Des membres de la famille qui connaissent le domicile argentin confirment point par point la description de Natuzza.

En juin 1939, elle franchit une nouvelle étape qui a parfois été incomprise. Elle entre en contact avec des défunts qui lui apparaissent de manière sensible. Son entourage s’inquiète, pensant que la fillette est possédée ou sujette à des phénomènes parapsychologiques incontrôlables. La vie chrétienne et familiale de Natuzza n’en pâtit pourtant pas et s’en trouve au contraire renforcée. Les apparitions de morts sont suivies, la plupart du temps, par celles de Jésus et de Marie. Sans aucun goût pour l’occulte, ce phénomène s’impose littéralement à elle.

Une de ces premières apparitions mérite une description détaillée, car les faits montrent que Natuzza n’a pu imaginer quoi que ce soit. Un jour, alors qu’elle travaille dans la famille de maître Colloca, elle voit trois personnes assises sur les lits, dans la chambre des enfants. Étonnée, elle se frotte les yeux, mais la vision demeure intacte. Prenant son courage à deux mains, elle demande aux « visiteurs » inconnus d’aller au salon. L’un des trois personnages lui répond alors qu’ils sont décédés. La fillette, apeurée, court prévenir sa patronne qu’elle vient de voir trois morts dans la chambre ! La maîtresse de maison, pensant à une illusion, se met à rire. Maître Colloca dit à Natuzza : « S’ils sont morts, pourquoi ne leur demandes-tu pas leurs noms ? » Elle regagne aussitôt la chambre des enfants et, sans attendre, leur demande leur nom. Elle revient dans le salon en annonçant : « Ils s’appellent Nannina, Raffaele et Concettal. » Le notaire se fige subitement : trois personnes de sa famille portant ces noms sont décédées.

Lors de ces manifestations visionnaires, Natuzza reçoit les messages des défunts par l’intermédiaire de son ange gardien, ou elle les recueille directement, la voix du disparu prenant parfois la place de sa propre voix. Certains ont parlé de médiumnité à incorporation. En tout cas, Natuzza était capable de connaître l’état spirituel dans lequel se trouvent les morts qui lui apparaissent : paradis, enfer ou purgatoire.

Ce sont surtout les âmes du purgatoire qui se manifestent à elle. Maître Colloca entend également la voix d’un oncle, mort en refusant les sacrements de l’Église : « J’entendis la voix rauque et douloureuse d’un vieillard : "Cher neveu, je suis ton oncle. Je souffre, pour moi, il n’y a pas d’espoir, je suis condamné au feu éternel, pour moi, il n’y a pas d’espoir ; pour moi, ce sont des souffrances atroces, épouvantables." »

Un jour, un défunt lui prédit qu’elle fera une expérience de mort imminente. Peu après, elle tombe dans une sorte de léthargie et y demeure sept heures de suite. Beaucoup croient qu’elle est morte, son organisme ne donnant plus de signe de vie. Une telle manifestation, aussi spectaculaire qu’elle soit, n’est pas nouvelle dans les annales de la mystique chrétienne : en son temps, sainte Thérèse d’Avila a vécu un phénomène semblable de quatre jours.

Quotidiennes (sauf les vendredis et pendant le Carême), les visions de défunts durent jusqu’en 1960, malgré une décroissance de leur périodicité à partir de 1958. Natuzza s’efforce, sa vie durant, de bien noter les messages qu’elle reçoit de ces morts, répétant parfois aux gens qui viennent la questionner des phrases entières dans des langues étrangères, qu’elle ignore évidemment lorsqu’elle est dans son état normal.

Parallèlement, les bilocations se multiplient, tant à l’état de veille qu’en dormant. Son « double » se manifeste soit près de chez elle (et même dans sa propre maison) ou, au contraire, dans un endroit très éloigné. Elle n’a pas l’impression de « voyager », mais de se trouver instantanément en un lieu, et toujours accompagnée de son ange gardien. Surtout, ces bilocations ne sont jamais gratuites, mais ont pour rôle de permettre à Natuzza d’accomplir des missions ponctuelles et religieuses : aide, secours, charité…

Le 26 juillet 1936, un autre phénomène, plus exceptionnel encore, se produit à plusieurs reprises : des gouttes de sang apparaissent sur son front, sur ses joues, sur le dessus des mains, sur sa poitrine et ses genoux. En recueillant ce sang à l’aide d’un mouchoir plié, et en le déployant aussitôt après avoir essuyé le corps de Natuzza, on voit, sans aucune ambiguïté possible, des dessins et des inscriptions diverses tracées par le sang. Les lettres se suivent comme dans une inscription normale, y compris à l’intérieur des plis du mouchoir. Ces inscriptions sont toujours religieuses : fragments de prière, psaumes, passages bibliques… Elles sont écrites en plusieurs langues, vivantes ou mortes : grec ancien, hébreu, anglais, allemand, vieux français… Natuzza ne sait pourtant ni lire ni écrire, et ne s’exprime que dans un dialecte italien du sud de la péninsule.

Ces mots et ces phrases sont parfois accompagnés de dessins incroyables : couronnes d’épines, cœurs ensanglantés, chapelets, croix, lances, lys, colombes, personnages agenouillés près de la croix portant une auréole, etc. Nous possédons le témoignage d’un médecin italien qui a vu personnellement le sang « courir sur une taie d’oreiller en formant une inscription plus vite qu’on n’aurait pu l’écrire ». Un autre rapporte ce qui suit : « Je remarquai sur sa table un mouchoir plié et maculé de sang que Natuzza venait d’abandonner là. […] Je vis alors que le sang se déplaçait, s’agitait comme du mercure […]. Je vis que se formait une hostie avec les lettres IHS et ensuite tout un ostensoir. Je restai abasourdi… »

Natuzza reçoit aussi les stigmates de la Passion du Christ en 1958, le Vendredi saint. Le phénomène se reproduit chaque année. Les souffrances débutent peu avant le début du Carême. Le mercredi des Cendres, de petites taches roses apparaissent sur le dessus des mains, des pieds et au côté gauche. Des détails frappent les observateurs : les pieds et les mains ne sont pas totalement transpercés. Quelques jours avant le Vendredi saint, la plaie provoquée par la couronne d’épines apparaît. Le sang s’écoule durant tout le Carême, puis les plaies se referment d’elles-mêmes, laissant place à de petites croûtes qui tombent dans les jours qui suivent.

Chaque Vendredi saint, Natuzza, à l’instar de plusieurs mystiques du passé, participe corps et âme aux scènes successives de la Passion, non comme une spectatrice, mais comme une actrice impliquée. À chaque fois qu’elle vit cela, elle est accompagnée par au moins deux prêtres de sa paroisse, des médecins et des membres de sa famille.

Cette vie mystique est ponctuée de tentations et d’assauts diaboliques d’une force terrible. Elle reçoit régulièrement des menaces inexplicables contre elle, ses enfants et son mari, Pasquale Nicolace. Des traces de coups inexplicables sont aussi observées sur son corps. Ces « avertissements » démoniaques cadrent parfaitement avec l’idée qu’elle se fait du sacrement du mariage : une voie de sainteté s’il est vécu sous le regard de Dieu.

En 1944, Natuzza a une vision d’un être céleste qui lui demande la construction « d’une grande maison pour soulager les jeunes, les personnes âgées et tous ceux qui se trouvent dans le besoin, ainsi qu’une grande église que l’on appellerait "Cœur Immaculé de Marie refuge des âmes" ». Le 13 mai 1987, l’évêque de Mileto, Mgr Domenico Tarcisio Cortese, donne son approbation pour la création d’une association devenue depuis lors une fondation qui porte le nom transmis par la vision.

Natuzza rend son âme à Dieu en 2009, après une vie entière donnée à Jésus et dévouée envers toutes les personnes qui l’ont rencontrée. Sa cause de béatification est introduite en 2019.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Natuzza Evolo priait énormément pour les âmes du purgatoire et invitait à le faire, en particulier en offrant des messes dites à cette intention. Les personnes défuntes qui se manifestent à elle transmettent un message à l’humanité concernant ce qui se passe après la mort :

« Vous qui pensez naïvement que toutes les âmes vont au paradis, sachez que l’enfer et le purgatoire existent aussi, et qu’un seul péché mortel, commis de mauvaise foi et non avoué, ou avoué sans repentir sincère, vous empêche d’entrer dans le saint paradis. Si vous avez commis des péchés mortels, il faut impérativement demander pardon à Dieu avec un repentir sincère [sacrement de la confession]. Mais même cela ne suffit pas à entrer dans la patrie céleste, encore faut-il réparer votre péché. S’il n’y a pas de réparation, il y a le purgatoire. S’il n’y a pas de repentir, il y a l’enfer. Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour éviter les peines du purgatoire. »


Aller plus loin :

François Brune, « Evolo (Natuzza), 1924 », dans Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 275-276.


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