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Histoires providentielles
n°241

Catane (Sicile, Italie)

252 apr. J.-C.

Sainte Agathe sauve la ville de Catane de la lave

Agathe, cette belle jeune fille, naît en Sicile vers 235 dans une famille noble et riche. Son nom signifie « bonté ». Un gouverneur, Quintien, la convoite et, malgré une entremetteuse, ne parvient pas à la persuader de céder à sa passion, car Agathe s’est consacrée tout entière au Christ. Comme elle est chrétienne, Quintien la fait jeter en prison et la torture. Agathe garde jusqu’au bout la pureté qu’elle avait promise au seul Christ. Les habitants de Catane en font la protectrice de leur ville, et ce dès après sa mort, le 5 février 251.

Sainte Agathe, Francisco de Zurbarán, 1630, Musée Fabre, Montpellier / © CC0/wikimedia.
Sainte Agathe, Francisco de Zurbarán, 1630, Musée Fabre, Montpellier / © CC0/wikimedia.

Les raisons d'y croire :

  • La vie de sainte Agathe et le récit de son martyre sont connus par plusieurs sources et relatés par le patriarche de Constantinople, Méthode Ier, au VIIIe siècle, et par Jacques de Voragine au Moyen Âge. Ils contiennent certes des éléments légendaires, mais ils sont fondés sur plusieurs faits historiques vérifiables.
  • Il est par exemple impossible de ne pas reconnaître l’historicité du courage extraordinaire de sainte Agathe pendant son martyre, attesté par de multiples témoignages : plusieurs documents romains s’étonnent de son refus héroïque d’abjurer, qui lui coûte la vie.
  • Après les premières tortures physiques qu’elle a subies – notamment sa poitrine, entièrement mise à vif –, Agathe ne se trouve affectée d’aucune infection, et elle est guérie avant de se représenter devant ses bourreaux, le lendemain. Ce n’est que par la grâce de Dieu que l’on explique l’extraordinaire résistance qu’Agathe manifeste jusqu’à sa mort.
  • Dans les cirques de l’Empire romain, les spectateurs observent avec une grande stupéfaction le courage des martyrs chrétiens, qui ne semblent pas craindre la mort et qui affrontent les tortures dans une étonnante attitude de joie. Ils ne comprennent pas l’origine de ce comportement, qui leur fait paraître les martyrs plus courageux que des centurions romains. En réalité, outre l’existence d’une grâce surnaturelle qui anesthésie les souffrances, l’existence des trois vertus théologales (foi, charité et espérance) les rend forts, car ils savent que la mort n’est qu’un passage suivi de la rencontre sensible et concrète avec le Christ, les saints et les anges.
  • Un an après la mort de sainte Agathe, l’Etna entre en éruption et, sur cet événement, nous bénéficions d’un récit historico-géologique clair. Les chroniques décrivent une éruption ayant débuté le 1er février et se terminant le 5, jour de naissance au Ciel de sainte Agathe. Le fait que la ville de Catane ait été épargnée par l’effusion du volcan est attribué à l’intercession de sainte Agathe, car les habitants avaient posé le voile de la sainte entre la lave et eux, dans l’espoir d’arrêter les coulées incandescentes.
  • Beaucoup de chrétiens viennent prier sur sa tombe et obtiennent des guérisons miraculeuses, comme la mère de sainte Lucie.
  • Le pouvoir des reliques de sainte Agathe convainc de façon évidente, car ces dernières suscitent de la convoitise : elles seront notamment emmenées à Constantinople et en Normandie. Aujourd’hui encore, la fête de la Sainte-Agathe est la plus importante fête religieuse de Catane : le buste en argent de la sainte, qui abrite ses reliques, est porté en procession dans la ville.
  • Le culte de sainte Agathe se développe immédiatement après sa mort. Cette dévotion se répand tant dans l’Empire byzantin qu’en Occident, si bien que le pape Grégoire IX la canonise en 1228.

Synthèse :

Se souvenir des mentalités dans l’Empire romain préchrétien

Il faut d’abord se représenter l’état des mentalités dans l’Empire romain préchrétien. On a oublié à quel point, lorsque l’empereur Théodose déclare que l’Empire est dorénavant chrétien (392), les mentalités évoluèrent.

À l’époque de sainte Agathe, l’armée romaine est une puissance invincible et un instrument de domination impériale, qui conquiert des territoires en vue d’en extraire des impôts lucratifs. Cette pratique de la guerre procurait non seulement une foule d’esclaves, qui font fonctionner la machine économique, mais aussi de grandes richesses qui permettent une société de loisirs pour les citoyens.

Pour les loisirs, il existait des stades, dans lesquels on ne jouait pas au football, comme à notre époque, mais où l’on organisait des spectacles avec de vrais combats physiques, parfois menés jusqu’à la mort et où l’on exécutait aussi des condamnés à mort en reconstituant des scènes de la mythologie.

En ce qui concerne les jeunes filles, les mœurs patriarcales font qu’elles passent de la dépendance au père, organisée par la loi, à la dépendance à leur mari. L’histoire de sainte Agathe s’explique par ce dernier point.

 

Sainte Agathe, convoitée pour sa beauté et son argent

C’est dans ce monde ancien, que le christianisme a commencé à transformer, que naît la petite Agathe, dans la ville de Catane, en Sicile. Elle est d’une famille riche et noble, et d’une grande beauté. Remplie de la grâce du Christ, la jeune Agathe décide, à l’âge de quinze ans, de consacrer sa vie à Dieu dans la prière et dans la virginité. Elle imite en cela la mère de Jésus, la Vierge Marie, dont elle suit le conseil évangélique.

Or un certain Quintien, consul de Sicile, la remarque et se promet de la mettre dans son lit, voire de l’épouser, pour deux raisons : la perspective de profiter de sa beauté physique, et la possibilité d’un riche héritage.

 

Sainte Agathe, canonisée comme vierge et pourtant probablement violée

Il va se heurter à une fin de non-recevoir très ferme de la part d’Agathe : il n’est pas question pour elle de l’épouser. Il comprend très vite qu’elle est chrétienne, mais, dans un premier temps, il ne la dénonce pas comme telle. Il est magistrat et il possède le pouvoir de vie et de mort sur elle puisque, chrétienne, elle est dans l’illégalité. Il a en tête un plan : il croit connaître la nature humaine et savoir comment fonctionnent les femmes. Il pense qu’on peut assez facilement les faire changer d’avis. Il fréquente assidûment un lupanar tenu par une certaine Aphrodisie, qui se fait sa complice et se fait fort « d’apprendre la vie » à Agathe s’il veut bien la lui confier quelque temps : « Les menaces ou les caresses la feront céder et il restera à lui apprendre les techniques du sexe ». Tout ceci se fait obligatoirement avec la complicité du père d’Agathe, ou tout au moins son silence, qui s’explique par la peur.

Agathe va se retrouver enfermée dans cette maison close. On n’a pas le récit détaillé de ce qui lui est arrivé, mais on sait qu’elle a été proclamée par l’Église « patronne de celles qui subissent le viol », ce qui est significatif. Pourtant, elle est canonisée comme vierge, ce qui prouve qu’elle a résisté. Elle n’est d’ailleurs pas la seule puisque, quelques années plus tard, sainte Lucie, une autre petite sicilienne, sera violée à son tour et canonisée comme vierge et martyre. D’ailleurs, Agathe et Lucie sont citées en même temps dans la messe du canon romain, ce qui est justice, parce que Lucie allait prier sur son tombeau.

Dans La Légende dorée (écrite au Moyen Âge par le bienheureux Jacques de Voragine), il est mis dans sa bouche cette phrase, adressée à Aphrodisie : « Ma volonté est assise sur la pierre et a Jésus-Christ pour base. Vos paroles sont comme le vent ; vos promesses sont comme la pluie ; les terreurs que vous m’inspirez sont comme un ruisseau : quels que soient vos efforts, les fondements de la maison restent solides et rien ne pourra les ébranler. »Le texte précise que l’émotion qu’elle éprouve en disant ces paroles n’est pas de la fierté. Elle les dit en pleurant, ce qui témoigne du martyre qu’elle vit dans cette maison. Au bout de quelques semaines, et malgré ses efforts, la tenancière de la maison close renonce et fait dire à Quintien : « Il est aussi impossible de la faire céder que de faire fondre une pierre. Elle est entêtée. Elle ne bougera jamais. »

 

Le martyre de sainte Agathe

Quintien entre alors dans une grande colère et décide de briser Agathe par son pouvoir judiciaire. Il en a la possibilité, puisque nous sommes à l’époque de la persécution des chrétiens par l’empereur Dèce. Agathe étant coupable de professer la foi chrétienne, il peut la faire comparaître devant son tribunal. Tout se passe selon les formes légales. Lors du procès, il lui demande son identité. Elle répond : « Je suis d’une famille noble, d’une illustre famille, et ma parenté en fait foi. — Si donc tu es d’une famille patricienne, comment se fait-il que tu te comportes comme une servante ? [Quintien fait allusion avec une grande hypocrisie à son séjour au lupanar.] — Je suis la servante de notre Seigneur Jésus-Christ. »

Il lui demande alors de sacrifier aux dieux. Elle lui répond avec beaucoup d’ironie : « Ta femme ressemble à la déesse Vénus, que tu vénères, et toi, comme tu ressembles à ton dieu Jupiter ! » Se sentant moqué, il ordonne à un garde de la souffleter. Loin de se démonter, elle a du répondant et lui dit :

« Comment peux-tu honorer Vénus, dont tu n’aimerais pas une seule seconde que ta femme imite le comportement ? Comment peux-tu honorer Jupiter, dont le comportement dans la mythologie te fait honte ? – Cessons là les palabres ! Sacrifie aux dieux ou va la mort ! — Quand bien même tu me mettrais dans le cirque avec les bêtes, ce serait pour moi une mort douce, puisque je sais que le Seigneur est avec moi et qu’il me protégera. Si tu m’infliges toutes sortes de tortures, sache que l’Esprit Saint sera avec moi, lui qui meut et porte le Ciel. »

Voyant que sa détermination est inébranlable, le consul décide de passer aux tortures physiques. Il la fait d’abord jeter en prison pour attendrir sa résistance. Le lendemain, elle subit le chevalet. Puis les bourreaux s’attaquent à sa poitrine et la déchirent avec des pinces. Depuis cette époque-là, les mamans italiennes prient sainte Agathe lorsqu’elles allaitent douloureusement. Après cette première séance de torture, son corps n’est que plaies et douleurs. Quintien décide de l’enfermer de nouveau et de laisser faire l’infection.

Dans cette prison, un miracle se produit durant la nuit. Une grande lumière se fait – une lumière si forte que les gardiens s’enfuient – et elle voit saint Pierre : il est précédé d’un enfant qui porte un flambeau et divers médicaments. C’est ainsi qu’on expliqua qu’aucune infection n’ait affecté son corps. Jacques de Voragine rapporte un dialogue qu’elle eut avec saint Pierre : « Mon corps a été si terriblement déchiré que personne ne pourra plus concevoir aucune volupté pour lui, mais je vous rends grâce de vous intéresser à moi et de venir ainsi me visiter. »Le lendemain, Agathe constate qu’elle est guérie et, surtout, elle a retrouvé dans son âme la force dont elle a besoin. C’est ainsi, par la grâce de Dieu, que l'on explique l’extraordinaire résistance qu’elle manifeste jusqu’à sa mort.

Quatre jours plus tard, le consul Quintien la fait reconvoquer, s’attendant à la voir brisée et suppliante. Il lui demande d’adorer les dieux des Romains, et elle répond : « Tes paroles sont insensées et vaines. Pourquoi veux-tu que j’adore des pierres alors que le Dieu du Ciel vient de me guérir ? » Quintien est donc vaincu et, en rage devant une telle résistance, dit : « Nous verrons bien si ton Dieu va te guérir, cette fois. » Il ordonne qu’on l’exécute de manière horrible, à savoir par le feu. Le juge Quintien meurt quelque temps plus tard : il possédait des chevaux et, alors qu’il faisait l’inventaire de ses biens, un cheval prit le mors, rua et, d’un coup de pied, le fit basculer dans la rivière. Jamais on ne retrouva son corps.

 

La conversion de la Sicile

Une légende du Moyen Âge raconte qu’au moment de la mort d'Agathe, l’Etna entra en éruption. Il y eut un violent tremblement de terre. Des maisons s’écroulèrent et deux des aides du consul Quintien périrent. Des fidèles chrétiens réussirent à récupérer la dépouille de sainte Agathe et la mirent en terre avec honneur et discrétion. Quelques jours plus tard, on trouva sur son tombeau une plaque de marbre gravée sur laquelle on pouvait lire : « À notre sainte généreuse, honneur de Dieu et libératrice de la patrie. »

Les habitants de Catane en firent la protectrice de leur ville, et ce dès l’époque païenne. Un an après sa mort, en effet, voici que l’Etna entra dans une terrible éruption, et la lave se mit à couler du volcan et à se diriger vers la ville. Spontanément, des gens de la ville se rendirent sur son tombeau recouvert par une toile. Ils le posèrent devant la lave, qui approchait de la ville, et la lave s’arrêta. Depuis ce jour, on invoque sainte Agathe pour protéger des dangers que provoquent les volcans et les incendies.

La réputation de puissance de sainte Agathe se répandit dans toute la Sicile païenne. Il ne faut donc pas s’étonner que, cinquante ans plus tard, lors de la persécution de Dioclétien, une autre jeune fille appelée Lucie, qui risquait elle aussi d’être exécutée comme chrétienne, soit d’abord allée se confier sur son tombeau.

Lorsque l’Empire romain devint chrétien, en 313 après Jésus-Christ, le clergé fit disparaître sans violence le culte antique de la déesse Isis, qui existait en Sicile, et le fit remplacer paisiblement par le culte de sainte Agathe. Ainsi la protectrice de la Sicile fut, même après sa mort, source de l’évangélisation d’un pays tout entier.

Agrégé en sciences religieuses en Belgique, Arnaud Dumouch fonde en 2015 avec l’abbé Henri Ganty l’Institut Docteur Angélique, qui donne sur Internet la totalité d’une formation diplômante en philosophie et théologie catholique, dans la ligne de l’herméneutique de la continuité de Benoît XVI.


Au-delà des raisons d'y croire :

L’histoire de sainte Agathe est ancienne, mais l’on retrouve un tel héroïsme chez de nombreuses chrétiennes, très jeunes, qui ont été vécu une histoire analogue au XIXe ou au XXe siècle dans de nouvelles chrétientés, comme celles de la Corée, du Japon ou de la Chine, dont les autorités politiques se comportaient de manière semblable à celles de l’Empire romain.

On peut prendre pour exemple l’histoire, racontée par Maria Winowska (Les Voleurs de Dieu, Éditions Saint-Paul, Paris, 1966), de cette fillette chinoise, martyre pour l’amour de l’Eucharistie durant la révolution culturelle, sous Mao (1966-1976). Ou encore le martyre de sainte Hermine de Jésus et de ses compagnes, vierges, en Chine (1864-1900). Toutes ont été canonisées : sainte Marie-Hermine de Jésus (Irma Grivot), sainte Marie-Amandine (Pauline Jeuris), sainte Marie de la Paix (Marie-Anne Giuliani), sainte Marie-Ciara (Clelia Nanetti), sainte Marie de Saint-Just (Anne-Françoise Moreau), sainte Marie-Adolphine (Kaatje Dierkx)…


Aller plus loin :

La vidéo d’Arnaud Dumouch : « Sainte Agathe, vierge et martyre, patronne des victimes de viols et de tortures ».


En savoir plus :

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