Recevoir les raisons de croire
< Toutes les raisons sont ici !
TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
La profondeur de la spiritualité chrétienne
n°230

La foi chrétienne explique la diversité des religions

La diversité des religions est parfois opposée comme contre-argument à la vérité du christianisme : « Vous dites une chose, mais les autres religions disent autre chose, c’est la preuve qu’il ne s’agit que d’inventions humaines, car, si la religion venait de Dieu, elle ne serait pas divisée. » Or, la théologie chrétienne, depuis 2 000 ans, s’est beaucoup penchée sur la question de la diversité des religions, et propose une doctrine tout à fait convaincante à ce sujet : c’est dans le Christ seul que se trouve la plénitude de la vérité, mais les religions non chrétiennes peuvent tout à fait contenir des éléments de cette vérité.

En effet, il est possible par la raison seule de connaître que Dieu est, mais pas qui il est : l’intuition de Dieu, avant le Christ, s’est donc exprimée dans des récits mythologiques mêlant le vrai et le faux. Alors que ces religions étaient un effort de l’homme pour monter vers Dieu, la Révélation est le mouvement inverse : Dieu se montre à l’homme. Judaïsme et islam reconnaissent une partie de cette Révélation (l’Ancien Testament pour le judaïsme, l’existence d’une Révélation d’Abraham à Jésus pour l’islam), mais ne reconnaissent pas la divinité de Jésus, ce qui explique leurs points communs et leurs différences avec le christianisme. La vision chrétienne de l’histoire religieuse explique donc parfaitement la réalité.

© Unsplash / Aaron Burden
© Unsplash / Aaron Burden

Les raisons d'y croire :

  • Sur le plan de la logique, la diversité des religions n’est de toute façon pas un contre-argument valable, car, quel que soit le sujet, la diversité des opinions n’empêche pas qu’il y ait une vérité objective.
  • Issu du judaïsme au milieu de l’Empire romain païen, le christianisme a été confronté dès sa naissance à la question de la pluralité des religions et n’a jamais cessé, depuis 2 000 ans, d’approfondir sa doctrine à ce sujet.
  • Aujourd’hui encore, l’Église catholique est sans conteste l’institution ayant la plus grande expertise en matière de théologie des religions et de dialogue interreligieux, loin devant les universités civiles ou les autres religions.
  • Le christianisme n’est pas une religion nationale, civique ou culturelle : présent sur toute la surface de la Terre, s’exprimant dans toutes les langues, à travers des cultures très diverses, il ne peut sur ce plan être comparé à aucune autre religion de toute l’histoire humaine.

Synthèse :

L’existence d’une pluralité de religions au sein de l’humanité est souvent prétexte à des réactions de deux types. Certains en tirent une conclusion relativiste : toutes les religions doivent être également bonnes, et la vérité est également partagée entre toutes. D’autres en tirent au contraire une conclusion sceptique : toutes les religions sont également fausses, et il n’y a aucune raison de croire l’une plutôt que l’autre. Mais aucune de ces deux réactions n’est rationnellement fondée. Quel que soit le sujet, en effet, la diversité des opinions n’empêche pas que certaines opinions soient plus proches de la réalité que d’autres.

Or, contrairement à ce que voudrait nous laisser penser le relativisme contemporain, il est possible, dans une certaine mesure, d’évaluer rationnellement la vérité d’une doctrine religieuse. C’est évident dans l’ordre éthique : on peut par exemple s’accorder à dire qu’une religion pratiquant le sacrifice humain est porteuse d’une morale erronée. C’est vrai aussi dans l’ordre dogmatique : on peut dire par exemple avec certitude que les éclairs ne sont pas réellement les éclats de la forge d’une divinité céleste, ou que le lever du soleil ne dépend pas de l’accomplissement de certains rites, etc. Il est donc possible de comparer les doctrines entre elles pour juger de leur crédibilité.

Un des aspects importants de cette comparaison est la manière dont les différentes religions expliquent la diversité même des religions, ainsi que le phénomène de l’athéisme. En effet, une doctrine religieuse incapable d’expliquer la diversité des religions est manifestement insuffisante pour décrire le réel.

Ainsi, si l’athéisme était vrai, il faudrait expliquer non seulement le sentiment religieux naturel de l’homme, mais aussi l’émergence du monothéisme, ainsi que les miracles. Cette démonstration n’a jamais été faite de manière convaincante et satisfaisante, puisque l’argumentaire athée se contente souvent d’une psychologisation injustifiée du croyant. Tandis que la doctrine du péché originel, bien comprise, explique tout à fait l’athéisme sans recourir à une psychologisation de l’athée.

La même comparaison peut être faite entre les religions elles-mêmes. Par exemple, dans une certaine vision musulmane de l’histoire, le christianisme ne s’explique que par une falsification de l’Évangile révélé par Dieu, ce qui est difficilement compatible avec l’idée, défendue par ailleurs par les mêmes personnes, que la parole de Dieu est infalsifiable.

La foi chrétienne, au contraire, explique bien la diversité des religions. Ainsi, en conjuguant l’affirmation de la possibilité d’une connaissance naturelle de Dieu (concile Vatican I, constitution Dei Filius ; cfaussi Sg 13,5 ; Rm 1,20), la doctrine du péché originel, et l’existence de grâces prévenantes, on explique parfaitement l’existence des religions mythologiques, avec leur part plus ou moins grande d’intuition juste (la réalité ne se limite pas au monde visible, l’homme est un être déchu, il y a une vie après la mort, il y a une morale objective, etc.) mêlée à l’erreur (un monde enchanté, peuplé de multiples divinités, etc.). De même, le surgissement du monothéisme s’explique, tout simplement, par la Révélation. Enfin, la diversité des monothéismes s’explique par les divergences nées dans la manière de recevoir ou non la totalité de cette Révélation.

C’est ainsi que le concile Vatican II peut dire, dans la déclaration Nostra Ætate de 1965 : « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce et elle est tenue d’annoncer sans cesse le Christ, qui est "la voie, la vérité et la vie" (Jn 14,6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses. »

Enfin, la religion comparée permet aussi de remarquer que les figures les plus estimées dans les traditions religieuses non chrétiennes sont souvent les plus proches du christianisme : Gandhi disant toute son admiration pour les Béatitudes, le mystique soufi Mansur al-Hallaj faisant l’éloge de la religion de la croix, etc.

Tristan Rivière


Au-delà des raisons d'y croire :

On peut voir un exemple amusant de cette expertise du christianisme à propos des autres religions dans la carrière du professeur Dennis Gira (né en 1943) : ce grand spécialiste du bouddhisme avait acquis une telle maîtrise de son sujet, il en parlait avec une telle compétence, que beaucoup de ses lecteurs le croyaient bouddhiste, jusqu’à ce qu’il publie en 2003 Le Lotus ou la croix : les raisons d’un choix, pour expliquer pourquoi il restait fidèle, en toute connaissance de cause, à la foi chrétienne.


Aller plus loin :

La vidéo de la chaîne YouTube 3MC : « La différence entre Jésus et les autres fondateurs de religion ».


En savoir plus :

  • La déclaration Nostra Ætate du concile Vatican II.
  • Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Le Seigneur Jésus. Déclaration « Dominus Iesus » sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église, « Documents d’Église », Bayard éditions (Centurion / Fleurus-Mame / Éditions du Cerf), Paris, 2000.
  • Commission théologique internationale, Le Christianisme et les Religions, « Documents d’Église », Bayard éditions (Éditions du Cerf / Centurion), Paris, 1997.
  • Serge-Thomas Bonino, « La théologie chrétienne des religions non chrétiennes », in Jean-Noël Dumont (dir.), L’Avenir du monde. Les chrétiens et l’avenir. Colloque interdisciplinaire, Éditions de l’Emmanuel, Le Collège supérieur, Lyon, 2006.
  • Louis Bouyer, Le Père invisible. Approches du mystère de la divinité, Éditions du Cerf, Paris, 1976.
Partager cette raison

LES RAISONS DE LA SEMAINE