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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Conversions d'athées
n°130

Oxford

1929 - 1931

C.S. Lewis, converti malgré lui

C.S. Lewis, né dans une famille chrétienne, abandonne la foi dès l’enfance, notamment à cause de la mort de sa mère. Étudiant puis professeur de lettres à Oxford, il se lie d’amitié avec J.R.R. Tolkien, et entretient avec lui de longues discussions sur la religion : Tolkien lui expose ses raisons de croire, mais Lewis maintient que toutes les religions ne sont que des inventions humaines. À cette époque-là, Lewis n’a aucune envie de faire de la place à Dieu dans sa vie. Toutefois il finit par reconnaître par honnêteté intellectuelle l’existence de Dieu en 1929 ; il est selon ses propres mots « le converti le plus déprimé et le plus réticent de toute l’Angleterre ». C’est que Lewis n’a pas encore reçu la grâce de la foi : il a seulement la conviction rationnelle de l’existence de Dieu. C’est deux ans plus tard, le 28 septembre 1931, que Lewis reçoit une grâce de conversion, et passe du simple déisme intellectuel à la foi chrétienne.

Les raisons d'y croire :

  • Lewis n’était pas seulement athée par indifférence religieuse ou par tradition familiale, mais il était athée par conviction, une conviction réfléchie et argumentée. C’est cette conviction même qui a cédé devant la rationalité plus grande encore de la foi chrétienne.
  • Lewis n’avait aucune envie de redevenir chrétien : lorsqu’il reconnaît l’existence de Dieu, son souci d’honnêteté intellectuelle est plus grand que ses réticences personnelles.
  • Comprendre que Dieu existe, ce n’est pas croire en Dieu : avec sa conversion en deux temps, Lewis manifeste qu’il est possible d’arriver à la certitude de l’existence de Dieu même sans la foi. Dans un premier temps sa conviction porte seulement sur l’existence de Dieu, plus tard elle concerne aussi la personne de Jésus-Christ. Le don de la foi est un don surnaturel, preuve que Dieu agit réellement dans sa création.
  • Après sa conversion, la foi n’a pas émoussé l'esprit rationnel et critique de Lewis, y compris contre la médiocrité de certains discours qu’il entendait dans sa propre religion.
  • La quête de la joie a joué un rôle majeur dans sa conversion au christiannisme. Une fois converti, Lewis a gardé la foi, même dans la souffrance après la mort de son épouse et malgré le combat spirituel qu’il a vécu durant cette période.

Synthèse :

L’enfance de Clive Staple Lewis (1898-1963), né dans une famille chrétienne d’Irlande du Nord, est marquée par plusieurs épreuves : la mort de sa mère d’abord, emportée par le cancer alors qu’il n’a que 9 ans ; puis la maltraitance qu’il subit dans la pension dans laquelle il a été envoyé ; enfin ses propres problèmes de santé. Toutes ces souffrances lui font perdre la foi en même temps qu’elles éteignent en lui la joie de l’enfance.

Passionné par la mythologie, spécialement celle d’Europe du Nord, il fait de brillantes études de philosophie et de littérature à la prestigieuse université d’Oxford, avant d’y devenir professeur. C’est là qu’il rencontre celui qui va bientôt exercer une influence considérable sur son cheminement spirituel : J.R.R. Tolkien, le futur auteur du Seigneur des anneaux. Au fil de leurs longues discussions, celui-ci lui expose ses raisons de croire, tandis que Lewis justifie son athéisme. Tolkien s’appuie notamment sur le célèbre « trilemme » de Chesterton : puisque Jésus prétend être Dieu, ou bien il ment, ou bien il est fou, ou bien il est vraiment Dieu. Lewis, de son côté, utilise sa connaissance des mythologies anciennes pour montrer que toutes les religions ne sont en fait qu’une projection de l’imagination humaine. En 1916, il écrit à l’un de ses amis : « Je ne crois en aucune religion. Il n’y a absolument aucune preuve pour aucune d’entre elles ; et d’un point de vue philosophique le christianisme n’est même pas la meilleure. Toutes les religions, c’est-à-dire toutes les mythologies, pour les appeler proprement, ne sont que l’invention de l’homme : le Christ autant que Loki » (lettre à Arthur Greeves, citée dans J. Ryan Duncan, The Magic Never Ends, Nashville, 2001).

À ce moment-là, il est manifeste que Lewis n’a aucune envie de se convertir : pour le jeune et brillant professeur, pas question d’accueillir ce Dieu si encombrant et tellement désuet dans une vie qui tourne très bien sans lui ! Lewis est au fond nostalgique de la joie de son enfance et se sent bien un peu attiré par la joie chrétienne ; mais loin de s’abandonner à cet attrait, il se protège derrière la carapace d’un athéisme rationnel qu’il oppose aux raisons de ses amis croyants. Carapace fragile, que les arguments théistes défont petit à petit, à la grande angoisse de Lewis. Dans son autobiographie, Surpris par la joie, il écrit : « J’étais seul, soir après soir, sentant, dès que mes pensées quittaient mon travail ne fût-ce qu’une seconde, la venue continue, inexorable de Celui que je désirais si profondément ne pas rencontrer. »

Mais vient un jour où son honnêteté intellectuelle l’oblige à céder devant la rationalité du christianisme : « Ce que j'avais tellement redouté m'arrivait enfin. Pendant le trimestre de la Trinité, en cette année 1929, je cédai, j'admis que Dieu était Dieu, je me mis à genoux et je priai ; et je fus sans doute, ce soir-là, le converti le plus déprimé et le plus réticent de toute l’Angleterre. »

Ce qui est remarquable, c’est qu’à ce moment-là Lewis n’a pas encore la foi, c’est-à-dire cet attachement à Dieu donné par Dieu lui-même : il a simplement admis, intellectuellement, l’existence de Dieu. Mais savoir que Dieu existe, ce n’est pas croire en lui. Sa conviction rationnelle nouvelle ne procure à Lewis aucune joie, bien au contraire : c’est exactement ce qu’il ne voulait pas ! Cette conviction porte seulement sur l’existence de Dieu, mais pas sur la personne de Jésus-Christ.

Deux ans plus tard, une nuit de septembre 1931, alors qu’il se promène avec Tolkien et un autre de leurs amis, Lewis reçoit une première grâce sensible pour ouvrir son cœur à la foi : alors que Tolkien lui parle de l’Évangile, Lewis est comme enveloppé par le sentiment d’une beauté inconnue, et les réticences de son cœur, après celles de sa raison, se dissipent.

Très vite après, le 28 septembre 1931, Lewis reçoit la grâce de la foi. Ce jour-là, son frère et lui partent en side-car pour visiter un zoo. Voici ce qu’il écrit : « Lorsque nous sommes partis, je ne croyais pas que Jésus-Christ était le Fils de Dieu, mais lorsque nous sommes arrivés au zoo, j’y croyais. » Aucun évènement particulier, aucune nouvelle réflexion n’a causé cette dernière transformation : Lewis a reçu, pendant le temps de ce court trajet, le don de la grâce, c’est-à-dire une intervention de Dieu lui-même dans son cœur, pour lui donner la foi.

Après cela, Lewis poursuit sa remarquable carrière d’écrivain, publiant des essais sur le christianisme, des études de littérature, et plusieurs romans dont les plus célèbres sont évidemment les sept volumes de la série Le Monde de Narnia : plus de 100 millions d’exemplaires vendus en 47 langues, et plusieurs adaptations à l’écran.

Tristan Rivière


Au-delà des raisons d'y croire :

Dans Tactique du diable. Lettres d’un vétéran de la tentation à un novice (Paris, éditions Empreinte Temps présent, 2010), Lewis nous livre avec beaucoup d’humour les conseils écrits par un vieux démon expérimenté à son neveu, jeune démon en formation, pour lui apprendre à faire de bonnes tentations et à détourner les hommes du droit chemin : un très bon livre sur le combat spirituel présenté du point de vue de l’ennemi !


Aller plus loin :

C.S. Lewis, Surpris par la joie. Le profil de mes jeunes années, Le Mont-Pèlerin (Suisse), éditions Raphaël, 2000.


En savoir plus :

  • David C. Downing, The Most Reluctant Convert. C.S. Lewis’s Journey to Faith, « C.S. Lewis Secondary Studies Series », Eugene (Oregon – États-Unis), Wipf & Stock Publishers, 2021.
  • Le film The Most Reluctant Convert: The Undold Story of C.S. Lewis (voir la bande-annonce), de Norman Stone (2021).
  • La pensée religieuse de Lewis est admirablement exprimée sous forme imagée dans son grand cycle romanesque Le Monde de Narnia, en particulier dans le tome 6, Le Fauteuil d’argent, « Folio junior » n° 1211, Paris, Gallimard Jeunesse, 2008.
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