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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Corps conservés des saints
n°177

Rome

vers 230

Le corps de sainte Cécile, retrouvé intact

Alors que sa volonté de consacrer sa virginité à Dieu, Cécile est contrainte au mariage. Son époux, le futur saint Valérien accepte de respecter sa virginité et se convertit au christianisme. Ils meurent tous deux martyrs au IIIe siècle, décapités lors de persécutions contre les chrétiens. En 821, le pape saint Pascal découvre une première fois le corps de la vierge, intact, dans les catacombes de Rome. Il le fait déplacer dans la basilique qui porte son nom, sur le lieu de son ancienne maison. Le 20 octobre 1599, le corps oublié de la sainte est exhumé par le cardinal Sfondrati, titulaire de la basilique Sainte-Cécile : on s'émerveille à nouveau de trouver son corps intact et dans sa position d'origine.

La mort de Sainte Cécile, sculptée par Stefano Maderno, Basilique-Sainte-Cecile, Rome. / © CC BY 2.0 Sébastien Bertrand, Flickr
La mort de Sainte Cécile, sculptée par Stefano Maderno, Basilique-Sainte-Cecile, Rome. / © CC BY 2.0 Sébastien Bertrand, Flickr

Les raisons d'y croire :

  • Le corps de sainte Cécile est découvert par deux fois, à plusieurs siècles de distance. Exposé à l’air avant d’être inhumé de nouveau, il n’a pas été conservé dans un cercueil de plomb, étanche, ce qui aurait pu expliquer sa conservation par manque d’oxygène : le corps de sainte Cécile repose dans un simple cercueil en cyprès.
  • Le corps de sainte Cécile est intact, ni momifié, ni desséché : il est demeuré souple, et elle semble simplement dormir. Cet état de conservation est inexplicable.
  • Actuellement, on ne connaît que des causes artificielles de la conservation intacte d’un corps : plastinisation (par injection sous pression d’un liquide qui pénètre les tissus et y durcit), congélation... De façon évidente, ces procédés n’ont pas été appliqués au corps de Cécile, morte martyre au IIIe siècle.
  • La découverte du corps de sainte Cécile a permis de confirmer l’authenticité de son martyre, relaté dans des Actes rédigés au Ve siècle, car plusieurs détails du récit sont parfaitement conformes à ce qui a pu être observé dans le tombeau (blessure mortelle au cou, la robe tissée d’or et les linges roulés aux pieds de la sainte).

Synthèse :

La vie de sainte Cécile

Cécile est issue d’une famille de la noblesse romaine ; elle est élevée dès le berceau dans la foi chrétienne. Elle porte constamment l’Évangile du Christ caché sur sa poitrine. Ses entretiens avec Dieu et sa prière ne cessent ni le jour ni la nuit, et elle sollicite le Seigneur afin de conserver sa virginité. Sous l’autorité de son père, elle est fiancée à seize ans à un jeune homme appelé Valérien qui, lorsqu’un ange lui apparaît pour le lui demander,accepte de respecter sa virginité. Cette apparition le bouleverse, et il demanda le baptême qui lui est accordé par le pape Urbain Ier (222-230).

Cependant, lorsque les persécutions reprennent, le gouverneur de Rome, Almachius, fait saisir les biens des chrétiens. Il fait décapiter Valérien et ordonne que Cécile, son épouse, comparaisse devant lui et sacrifie aux idoles, sous peine que soit prononcée contre elle une sentence de mort. Almachius se fait ainsi amener sainte Cécile :

« Quelle est ta condition ?, lui dit-il.
— Je suis libre et noble.
— C’est au sujet de la religion que je t’interroge. Ignores-tu quel est mon pouvoir ?
— Ta puissance est semblable à une outre remplie de vent, qu’une aiguille la perce, tout ce qu’elle avait de roideur a disparu, et toute cette roideur qu’elle paraissait avoir, s’affaisse.
— Pourquoi parles-tu avec tant d’orgueil ?
— Il n’y a pas d’orgueil ; il y a fermeté.
— Laisse là ton audace, et sacrifie aux dieux.
— Comment es-tu devenu aveugle ? Car les dieux dont tu parles, nous ne voyons en eux que des pierres. Palpe-les plutôt, et au toucher apprends ce que tu ne peux voir avec ta vue
.
 »

Almachius la fait alors reconduire chez elle, et il ordonne qu’elle soit torturée par la chaleur extrême d’un bain de vapeur pendant une nuit et un jour. Il pense ainsi faire céder cette frêle jeune fille. Le lendemain, elle ne revient toujours pas sur sa résolution de rester chrétienne. Quand Almachius l’apprend, il ordonne qu’elle ait la tête tranchée. Un jeune bourreau est délégué à cette tâche et, tout ému et tremblant, il la frappe par trois fois au cou, sans pouvoir lui couper la tête. Parce qu’une loi défend de frapper quatre fois une victime, le bourreau ensanglanté laisse Cécile à demi-morte. Durant les trois jours qu’elle survit, elle donne tout ce qu’elle possède aux pauvres, et recommande au pape Urbain tous ceux qu’elle a convertis : « J’ai demandé à Dieu, lui dit-elle, ce délai de trois jours afin de recommander ceux-ci à votre béatitude, et pour que vous consacriez cette maison qui m’appartient afin d’en faire une église. » Puis saint Urbain ensevelit son corps et consacre sa maison, qui devient une église, comme elle l’avait demandé.

Le martyre de sainte Cécile remis en question

Les doutes quant à l’authenticité du martyre de sainte Cécile naissent au XVIIe siècle avec les remarques d’un janséniste, Le Nain de Tillemont. Dans les années 1970, période d’hypercritique, les différentes circonstances de son martyre, ainsi que la date et le lieu, sont remises en question. Deux principaux arguments sont mis en avant.

  • D’après ses actes, elle fut martyrisée par le gouverneur de Rome Almachius, sous le règne de l’empereur Sévère Alexandre. Or, ce dernier était plutôt favorable aux chrétiens, sa mère professant cette religion. Il est peu probable que des chrétiens aient été martyrisés durant son règne, a fortiori à Rome, où résidait l’empereur.
  • La date de la rédaction des Actes de sainte Cécile semble tardive (Ve siècle), puisque ces Actes contiennent des allusions à la foi trinitaire dans des termes qui semblent postérieurs aux conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381).

Mais ces objections font abstraction d’un argument de poids, qui les balaye de façon péremptoire.

Recherche du corps de sainte Cécile en 821

À IXe siècle, les papes travaillaient à récupérer les corps des martyrs enterrés dans les catacombes pour les déposer dans les églises qui leur étaient consacrées. La tradition orale transmettait qu’elle avait été enterrée dans le cimetière de Saint-Sixte, mais les recherches avaient été jusque-là infructueuses. Le pape saint Pascal qui avait décidé des explorations dans les catacombes, se résigna alors à croire ce que disait la rumeur publique : son tombeau avait été pillé et détruit par les Lombards païens au VIe siècle. Mais sainte Cécile, du haut du Ciel, veillait.

Alors que le pontife présidait un office liturgique dans la basilique Saint-Pierre, on raconte qu’il eut une apparition lumineuse d’une jeune vierge d’une grande beauté qui l’encouragea à poursuivre ses recherches. À la suite de cet événement, il se remit à l’œuvre et parcourut de nouveau le labyrinthe des galeries. Au point d’intersection de deux sentiers, un tombeau encore inexploré attira son regard. La simplicité de ce sépulcre l’avait préservé des pillards, qui n’y ont pas porté attention. Saint Pascal fit ôter une plaque de marbre, et le tombeau de sainte Cécile apparut : elle y reposait dans son cercueil de cyprès, le corps absolument intact. Elle était encore revêtue de la robe tissée d’or avec laquelle le pape Urbain l’avait ensevelie, et les linges qui avaient servi à essuyer ses blessures étaient roulés ensemble et déposés à ses pieds.

Le pape procéda ensuite à la translation des reliques. Le lieu de la nouvelle sépulture de sainte Cécile ne pouvait être que son ancien palais transformé en basilique, là où elle avait souffert le martyre. Le pape laissa le corps de la sainte dans l’arche de cyprès où il l’avait trouvée, dans la même posture ; il mit l’ensemble dans un sarcophage de marbre blanc et placé dans un souterrain de la basilique Sainte-Cécile, un mur circulaire fermant le tout.

Seconde découverte du corps de sainte Cécile en 1599

Les siècles passèrent, et il ne resta qu’un vague souvenir du lieu où reposait son corps, plus ou moins sous l’autel. Il fut réservé au cardinal Sfondrati, titulaire de la basilique Sainte-Cécile, de redécouvrir le corps de la sainte le 20 octobre 1599 alors qu’il procédait à des fouilles.

Une fois ôtée la plaque de marbre qui fermait le sarcophage, le cardinal enleva lui-même, en présence de plusieurs autres témoins, le couvercle de l’arche de cyprès et, après huit siècles d’obscurité et de silence, Cécile apparut une nouvelle fois aux yeux des fidèles dans la majesté de son martyre, le corps absolument intact.Ce fut un moment plein d’émotion. Elle était revêtue de sa robe brochée d’or, sur laquelle on distinguait encore les taches de son sang, et à ses pieds reposaient les linges teints de la pourpre de son martyre. Étendue sur le côté droit, les bras affaissés en avant du corps, elle semblait dormir profondément. Le cou portait encore les marques des plaies dont le glaive l’avait sillonné. La tête, par une inflexion mystérieuse et touchante, était retournée vers le fond du cercueil. Le corps se trouvait dans une complète intégrité, et la pose générale, conservée par un prodige unique, après tant de siècles, dans sa grâce et sa modestie, retraçait, avec la plus saisissante vérité, Cécile rendant le dernier soupir, étendue sur le pavé de la salle de bain.

La reconnaissance du corps de sainte Cécile permit de constater qu’elle était de petite taille. Cette observation permet de mieux comprendre deux passages des Actes : celui où, pour répondre aux envoyés d’Almachius, elle monta sur un marbre qui se trouvait près d’elle, afin de se faire entendre de tous ; et celui où, au début de l’interrogatoire, Almachius, s’adressant à sainte Cécile, commence par lui dire : « Qui es-tu, jeune fille [puella] ? »

Tous ces détails attestaient qu’on était bien devant le corps de sainte Cécile. Or, la description de l’ensevelissement qui est faites dans les Actes du martyre de sainte Cécile correspond tout à fait à la découverte faite par saint Pascal puis par le cardinal Sfondrati : notamment la blessure mortelle au cou, la robe tissée d’or et les linges roulés aux pieds de la sainte. Cette conformité est une preuve éclatante de l’authenticité des Actes, en ce sens que l’auteur du Ve siècle s’est nécessairement servi de récits écrits par des contemporains, témoins des événements.

La posture du corps de Cécile éternisée dans le marbre

Un habile sculpteur, Stéphane Maderno, fut chargé par le cardinal d’éterniser dans le marbre l’attitude de Cécile dans le tombeau. Ce chef-d’œuvre existe encore dans la basilique Sainte-Cécile-du-Trastevere. Cet artiste de vingt-quatre ans voulut même reproduire la pose des mains, qui attestait la foi de Cécile mourante. Les doigts de sa main gauche sont fermés, sauf l’index. Les trois premiers doigts de la main droite sont tendus. Unité de la substance divine, trinité des personnes, tel était aussi le sens du geste symbolique qui témoignait, après tant de siècles, de la croyance pour laquelle sainte Cécile avait versé son sang.

Agrégé en sciences religieuses, Arnaud Dumouch fonde en 2015 avec l’abbé Henri Ganty l’Institut Docteur Angélique,qui donne sur Internet la totalité d’une formation diplômante en philosophie et théologie catholique, dans la ligne de l’herméneutique de la continuité de Benoît XVI.


Au-delà des raisons d'y croire :

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus avait voyagé à Rome, à l’âge de quinze ans, et elle fut frappée par la coutume italienne d’exposer le corps des saints dans des châsses de verre. Cependant, elle ne fut pas convaincue par l’état de conservation de la plupart d’entre eux « qui ressemblaient à des momies ». Elle dit, vers la fin de sa vie : « J’aime mieux être réduite en poudre que d’être conservée comme sainte Catherine de Bologne. Je ne connais que saint Crispin qui soit sorti du tombeau avec honneur. »

En fait, il y a d’autres exceptions frappantes, notamment celle de sainte Cécile, de saint Charbel, de sainte Germaine de Pibrac… Le phénomène miraculeux des corps intacts et souples est un signe de la protection que les anges accordent à une enveloppe corporelle qui abrita une âme particulièrement belle aux yeux de Dieu.


Aller plus loin :

La vidéo d’Arnaud Dumouch : « Sainte Cécile, vierge et martyre, patronne des musiciens ».


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